mercredi 28 mai 2014

Je ne serai jamais une femme et je n’ai jamais été un homme

Je suis en processus psychothérapeutique pour m’aider à digérer cette vie difficile qu’est la mienne. De nombreuses menaces de mort, plusieurs épisodes de harcèlement, le rejet de ma famille et le mépris au quotidien sont un poids qui me pèse et dont je dois apprendre à me soustraire. De petites mesquineries ou des jalousies reliées à une certaine perception de mon succès ou des allusions directes et indirectes, inconscientes ou carrément méchantes à ma différente identité de genre, sont autant de petits éléments isolés, voire insignifiants, qui finissent par faire une montagne de très petits cailloux. J’ai cette montagne sur mes épaules. Elle m’écrase. Dans le supplice de la goutte, ce n’est pas la goutte individuelle qui finit par défoncer le crâne. C’est l’addition de chacune d’entre elles.



Aujourd’hui, j’ai pris conscience des certains éléments de ma psychodynamique. J’ai compris pourquoi ça me faisait TELLEMENT tilter ces petites méchancetés ordinaires. Lorsque j’étais un homme, il y a si longtemps déjà, je n’en étais pas un. Aux yeux des autres, j’étais sans doute l’un des hommes les plus virils qu’ils pouvaient rencontrer. J’ai TOUT fait pour être cet homme. Je me suis virilisé de force afin de taire à tout jamais cette femme qui a toujours été là en moi. J’ai fait l’armé, le football, hockey, baseball et autres sports. J’ai été videur dans les bars. On ne me marchait pas sur les pieds. Je pouvais facilement remettre quelqu’un physiquement à sa place si jamais mon regard tranchant, ma verve ou mon gabarit impressionnant n’était pas assez. Si par malheur, quelqu’un faisait une blague sur ma virilité, je sautais littéralement une coche. On venait peut-être de percer mon secret le plus profond. On venait peut-être de percevoir que je n’ai jamais été un homme. En somme, socialement j’étais très bien avec les autres, mais très mal avec moi-même.

Aujourd’hui c’est tout le contraire. Je suis très bien avec moi même, mais ce sont les autres qui ont un problème avec moi, avec ma différence. Lorsqu’on m’appelle monsieur, même inconsciemment, même sans méchanceté, ce n’est qu’une petite goutte qui tombe sur mon crâne. Mais dans mon crâne, ça me rappelle cette vieille blessure que je n’étais pas un homme. Que je ne l’ai jamais été! Sauf que là ce qu’on me dit c’est que je ne suis pas une femme et que je ne le serai jamais.

Les gens ne sont pas méchants. Oui il y a des criss d’imbéciles qui le sont et ils ne sont statistiquement pas si nombreux que ça. Mais même les gentils qui inconsciemment me blessent à répétition, ne savent pas à quel point, dans ma tête, il gratte cette vieille blessure que je traîne depuis mon enfance. Je n’ai jamais « fitté » et je ne « fitterai » jamais. Avant c’était à mes propres yeux, maintenant c’est dans ceux des autres…


J'aimerais néanmoins vous laisser sur une note positive. Je vis des moments très difficiles mais j'ai l'amour de ma vie, ma passion pour le web, ma douce Charlotte, mon bois pour me cacher et comme je le disais en introduction, je consulte et je cherche de l'aide...

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Et si cette montagne de petites roches servait à se hisser tout en haut?! J'ai récemment fait un rêve où je me trouvais en haut d'une montagne de petits caillous multicolores: des beiges, des roses et des gris. Tout en bas, la mer d'une eau si cristalline reposait. Le décors que je découvrais était d'une beauté indescriptible.

Loin d'interpréter les rêves, ma réalité et la vôtre sont probablement aux antipodes mais n'empêche, se hisser tout en haut pour entrevoir la beauté, c'est accessible à ceux qui montent. Peu importe le chemin, et ce, même tranquillement.

Martin a dit…

Être soi-même va outre le genre ou l'identité.

Camille a dit…

Vous devez recevoir des commentaires de ce type très souvent, mais si les petites pierres s'accumulent, peut-être que les petites fleurs aussi :

Je vous trouve très inspirante, autant par votre parcours personnel et la façon dont vous le metez en lumière que par votre expertise professionnelle, et j'adore vous lire et vous entendre sur toutes les plateformes sur lesquelles vous intervenez. Dans mes favoris, votre site est dans la catégorie «brain food», ce qui est ma préférée de toute.

Continuez d'être l'une des Québécoises les plus inspirantes de l'heure! xx

Nancy Bossé a dit…

Chère Michelle, ce que je ne comprend pas ici c'est * Je ne serai jamais une femme*. Pourquoi cette affirmation? Dans mon livre à moi tu es une femme complète et non une transexuelle. J'pense pas que ce mettre des étiquettes aide au bien-être interne et l'estime de soi. Moi j'ai hâte qu'un jour toutes ces étiquettes tombent et qu'un être humain est un être humain et que l'amour est l'amour tout simplement. xoxo

Aline a dit…

alors, monte en haut de cette montagne de petites roches et regarde en bas et tu verras que toutes les personnes qui sont mesquines envers toi sont rendues toutes petites et insignifiantes et qu'elles ne pourront plus jamais t'atteindre, soit heureuse, tu le mérite et tu a une compagne merveilleuse. Je t'adore
surtout ne change pas et continue d'écrire, tu es passionnante dans toute ta spontanéité et ferme la porte de ton cœur aux méchants et aux pervères à tout jamais
Aline

Cleo Qc a dit…

Je reviens sur ce blog après quelques années. Je soupçonne que mon enfant va transitioner bientôt, et je venais juste aux nouvelles. Ce billet me fait mal. (Rien à comparer avec le mal que vous ressentez vous-même!) Si Michelle Blanc a encore des problèmes et trouve ça dur, dans quoi mon enfant s'embarque-t-il?

Cadieux et Langevin a dit…

Je espère que tout va bien pour vous . Juste prier pour l'orientation et votre esprit clair . Merci fos partageant

Anonyme a dit…

Bonjour Mme Blanc,

vous avez fait une si menue faute de frappe mais qui est pratiquement un formidable lapsus révélant profondément comment vous vous sentiez dans un corps d'homme et je vous cite: '' J'ai fait l'armé '' lorsque l'on vous lit, c'est effectivement cela. Vous avez '' fait l'armé '' mais en fait, vous ne l'étiez pas véritablement, comme quelqu'un qui renchérit une image en allant cherché les armes adéquates à l'extérieur de lui-même parce qu'au fond de lui, il y a un abîme d'impuissance. Maintenant, des années plus tard à avoir livré bataille à de profondes souffrances, pourriez-vous écrire non plus '' J'ai fait l'armé '' mais plutôt '' Je suis armée '' ?

Amitiés,

Marie