Vous pouvez donc lire ici les premières pages et la dernière page de ce livre. Ça vous mettra déjà un peu dans l’ambiance de « Un genre à part », qui devrait être sur les étagères mercredi prochain. Vous comprendrez aussi sans doute ma fébrilité (mais je devrais plutôt dire ,notre fébrilité, puisque Bibitte Électrique est aussi très présente dans ce bouquin). Contrairement à mes précédents Pourquoi bloguer dans un contexte d’affaires, Les médias sociaux 101 ou Les médias sociaux 201, celui-ci est, disons… beaucoup plus personnel.
MICHELLE BLANC UN GENRE À PART
ÉDITIONS LIBRE EXPRESSION
Mot de l’éditrice
Lorsque j’ai demandé à Michelle Blanc de partager une partie de sa vie dans un livre, elle a accepté, pour faire un autre pas contre l’ostracisme. Il n’est pas facile d’ouvrir certains pans de son existence, encore moins lorsqu’on est un genre à part. Michelle Blanc est une femme qui doit se battre chaque jour contre les préjugés, plus intensivement qu’une autre femme. Pour elle, le défi est grand car elle doit accepter la femme qu’elle est et non ce que les autres voudraient qu’elle soit à travers ce qu’ils voient. Elle a son franc-parler, ses opinions tranchées, sa sensibilité féminine dans ce corps transformé.
Tout au long du projet d’écriture de ce livre biographique, processus infiniment délicat, j’ai été particulièrement émue par une personne : Bibitte Électrique, la conjointe de Michelle, qui était déjà dans sa vie alors que celle-ci s’appelait Michel. Encore aujourd’hui, et peut-être plus fort qu’au début, j’apprends personnellement de cette histoire d’amour, car il faut aimer vraiment pour demeurer ensemble, souffrir du regard des autres, faire avancer les perceptions et surtout vivre au quotidien tous les bouleversements personnels qu’une telle situation entraîne.
Ce livre ne vous dévoilera pas tout, mais tout au long de sa lecture vous sentirez la retenue qu’elles ont eue, car parfois la douleur est trop grande et la vie si fragile.
À Bibitte et à Michelle, je souhaite une vie paisible, si tant est que ce soit possible. Vous m’avez inspirée et aidée à apprécier la vie et certainement à réfléchir avant de juger… même dans ma tête.
Ce livre est rendu possible par l’ouverture d’esprit de Bibitte. Je crois essentiel de rapporter ici les sentiments qui l’ont animée dans le projet de livre de Michelle. De l’inquiétude à la colère, en passant par la tendresse et la résilience, Bibitte a collaboré aux entrevues, mais non sans heurts. Cette intrusion dans SA vie n’était pas son choix, c’était celui de Michelle. Avec le temps, elle a bien sûr accepté. C’est même elle qui a trouvé ce si judicieux titre.
Merci à Bibitte de nous livrer ses émotions brutes alors qu’elle se confiait à l’auteur Jacques Lanctôt pour la première fois en 2011.
Johanne Guay / Éditrice
Avec ce projet de livre, je me sens forcée de parler de notre relation, et cela me rend anxieuse. Je me dévoile devant une personne que je ne connais pas alors que ce n’était pas mon but. Ce livre, c’est beaucoup plus l’affaire de Michelle que la mienne, et je ne me sens pas concernée. C’est comme ouvrir une plaie qui n’est pas guérie. Le simple fait de parler de ma vie privée, de mes doutes, de mes interrogations me bouleverse. Bien sûr, Michelle restera toujours Michelle, comme je l’ai dit dans le documentaire De l’ombre à la lumière de la série Quand le corps n’y est pas, mais il y a des nuances. Il y a tout ce que je perds du Michel d’avant. Au début, je ne savais pas ce qui allait se passer. J’étais d’abord frappée par les changements sur son visage. Je le regardais et je cherchais ce qui me le rappelait et ce qui me ramenait à lui, à celui d’avant. J’ai voulu me raccrocher à ce que j’essayais de retrouver de mon Michel d’avant, ses yeux, ses mains, sa voix. Je vivais ça comme une perte graduelle, comme quelqu’un qui s’efface devant soi. C’était terriblement difficile. C’était comme une perte graduelle. Je ne savais même pas si MON Michel allait le demeurer au fur et à mesure de ses transformations. Ça m’a pris au moins six mois avant de pouvoir faire le changement de la conjugaison.
Le fait également que Michelle soit devenue une vedette a passablement changé ma vie. Auparavant, nous étions un couple anonyme, mais avec les apparitions de Michelle à la télé, ce n’était plus le cas. Je devais gérer les regards des gens qui nous regardaient dans la rue, surtout après son passage à Tout le monde en parle. Bien sûr, il y avait dans ces regards une bonne part d’admiration, mais d’autres nous voyaient comme des freaks.
Cette situation, à la longue, a commencé à faire partie de ma vie, j’ai commencé à m’y habituer graduellement. Puis là, avec ce projet de biographie, tout est remonté à la surface. Bien sûr, Michelle m’a expliqué qu’il y avait de nombreux avantages dans la publication d’une telle biographie. Elle n’aurait plus, entre autres, à répondre sans cesse aux questions des gens, elle n’aurait qu’à leur dire de lire sa biographie. Mais cet argument ne me convainc pas à 100 %.
Je ne sais vraiment pas ce que j’ai le goût de dévoiler de notre vie privée, tout cela est complètement nouveau. Avant d’accepter de collaborer à cette biographie, j’étais déjà en thérapie et je me suis déjà beaucoup confiée à d’autres personnes. Ce que je vis actuellement est assez difficile, c’est quelque chose de très personnel que je gardais pour moi, et là on me demande de m’ouvrir devant une personne, un biographe que je ne connais pas, de surcroît.
Je ne sais pas si je suis prête à en parler si ouvertement, et je suis terriblement angoissée face à cette idée de devoir sortir de ma vie privée. J’ai comme motivation le souhait profond que les gens comprennent, pour moins nous juger. Car parfois, bien que je sois assez forte et déterminée à être moi-même en couple avec Michelle dans les endroits publics, je souffre de ces regards qui, chemin faisant, m’habitent et contre lesquels je me défends tant bien que mal.
Bibitte Électrique
Remerciements
Merci à la providence d’avoir mis sur ma route Bibitte Électrique. Elle est tout pour moi. Merci à vous d’avoir lu cette histoire, à Jacques Lanctôt de l’avoir écrite avec tant d’humanité, à Johanne Guay d’avoir songé à ce livre et à plusieurs de mes amis d’y avoir participé.
Merci aussi de comprendre ce chemin peu parcouru et de tendre la main à tous ceux qui l’entreprennent ou l’emprunteront aussi. Merci de comprendre que de la différence peut naître la contribution positive.
Merci aussi d’avoir la gentillesse, voire la compréhension, de désormais m’appeler madame...
In memoriam
Marie Vigneault-Leblanc
Bernard Bélanger
Fabiola Rojas
Merci d’avoir été là pour moi. Je vous aime.
Michelle Blanc
5 commentaires:
Une biographie intime sans jamais sombrer dans le voyeurisme. Merci à Bibitte de s'être livrée à l'auteur, même si ça signifiait de nous laisser entrer dans votre jardin secret.
@Mtl_MissIPP
Bonjour Madame Blanc,
Je souhaiterais pouvoir vous écrire en privé. Mon compagnon souffre de dysphorie de genre mais ne manifeste pas tout ce que vous décrivez. Il me parle de vouloir tuer la femme... ce qu'elle représente et ce qu'il ne peut être... Nous sommes ensemble depuis 1 an et demi et j'ai découvert par inadvertance sa condition via une boite mail où il se présentait en femme, il y a 1 an de cela... Il se présentait comme femme mais dans un contexte d'échange sexuel... Il se présentait come une jeune fille de 17 ans (alors qu'il en a 50) et recevait des photos d'hommes en érection...
Je suis assez ouverte sur le sujet et l'être humain et le soutient ...
Il a 50 ans et me dit en avoir pris conscience vers ses 20 ans...
Je lui dit qu'avec moi il peut s'exprimer comme il l'entend, en s'habillant en femme par exemple, pour commencer... Mais il me dit qu'il se sent ridicule, que ca ne sert à rien, qu'il ne sera jamais une femme et qu'il doit en faire son deuil... Je l'ai orienté vers l'université de Gand( Belgique) spécialiste en la matière) il a été a deux RDV.. qui le bouleverse... mais la distance est toujours là, il ne m'en parle pas ... ou alors je dois insister (en fait en un an il m'en a parlé à deux reprises... un peu)
Aviez vous aussi de la colère contre les femmes? jusqu'à la faire souffrir volontairement?
Je suis assez perplexe face au tableau qu'il me présente...
Je sais que vous devez être débordée par des tas de demande en plus de votre travail... je souhaiterais avoir votre opinion sur ce sujet... quelques conseils pour pouvoir l'aider... et pouvoir aider mon couple...
D'avance je vous remercie.
Laurence Caps
lollies27@hotmail.com
Non je n'haïs pas les femmes. Oui vous faites bien de le pousser à allé voir la clinique de Gand qui est reconnue mondialement. Peut-être qu'il n'est pas trans mais plutôt gaie et qu'il ne l,accepte pas. Dans tous les cas votre premier devoir est envers vous-même. S'il ne veut pas s'aider et se comprendre vous devrez prendre la décision qui est la meilleure pour vous. Bonne chance...
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