mardi 18 juillet 2017
Repose en paix Marie-Marcelle
Il est de ces gens qui par leur attitude, leur bonté, leur simplicité et leur abnégation, imposent le respect. Marie-Marcelle Godbout était l’une de ces personnes. C’est aussi l’image que l’on se fait d’une personne qui sans avoir une dévotion apparente, nous inspire la sainteté. D’ailleurs, à juste titre, plusieurs personnes considéraient Marie-Marcelle comme la mère Thérésa des trans du Québec.
Elle a en effet passé plus de la moitié de sa vie à aider les trans. Après la mort d’une de ses amies trans, elle s’était jurée de faire tout en son possible pour en sauver le plus possible de l’attrait du suicide et de la dépression que peut induire la prise de conscience qu’on n’est pas comme tout le monde, qu’on est pas né dans le bon sexe. Elle fonda donc l’ATQ (Aide aux transsexuel(les) du Québec) et s’occupait de la ligne d’écoute 24/24 pour les personnes en questionnement d’identité de genre. Elle était LE pilier de cette communauté souffrante et elle est responsable du non-suicide de milliers de personnes. Jour et nuit elle était disponible pour réconforter, rassurer, diriger vers des ressources et donner elle-même l’exemple qu’on pouvait être trans et avoir une vie heureuse. Elle disait même souvent que si elle avait à choisir sa vie, ce serait exactement la vie qu’elle a vécu qu’elle choisirait. Elle était fière d’être trans et ne se gênait pas pour le dire.
Si je suis capable de vous écrire ce mot aujourd’hui, c’est parce que je suis encore là et que j’ai été en partie sauvée par Marie-Marcelle. Lorsque mes mécanismes de négation m’ayant permis de me faire croire que j’étais un homme pour la plus grande portion de ma vie sont tombés, c’est elle qui m’a fait voir la lumière au bout du tunnel. C’est elle qui m’a aidé à relativiser « mon drame » et qui a échangé avec ma conjointe pour la rassurer que notre amour était encore possible.
Elle a été la première personne à démystifier l’état de trans dans les médias au Québec. Avec Janette Bertrand, Denis Lévesque et tant d’autres intervieweurs médiatiques, elle a pris son bâton de pèlerin et avec douceur et gros bon sens, elle expliquait comment les trans étaient des gens comme tout le monde et qu’ils méritaient le respect. Elle a été de toutes les batailles des trans et tous les ministres de la justice requéraient son opinion pour faire avancer les droits des trans. Son dernier combat aura été celui des droits des trans du 3e âge à vivre eux aussi leur vieillesse dans la dignité et en sécurité.
Au fil des ans, je l’ai vu interagir avec d’innombrables personnes. Comme dans la population en général, chez les trans il y a des professionnels, des gens de peu d’instruction, des prostitués, des gens atteints de maladie mentale et au début de la transition tous et toutes sont en détresse profonde. Elle les accueillait tous avec ouverture, s’intéressait à leur histoire, les écoutait et interagissait avec son cœur et sans jugement.
Durant 37 ans elle a fait ça gratuitement, sans aucune aide gouvernementale et aux frais de son conjoint et des dons des trans eux(elles)-mêmes. Rares sont les trans qui n’ont pas un jour téléphoné ou rencontré Marie-Marcelle. Elle était le phare des âmes qui se cherchent.
Je souhaite vivement un jour arriver à la moitié de sa bonté et de son altruisme. Marie-Marcelle tu vas me manquer. Tu me manque déjà. Mes plus sincères condoléances à sa famille et à tous(tes) les trans du Québec…
jeudi 26 janvier 2017
Humour trans
- Quelle est la différence entre une transsexuelle et un travestie? La trans a hâte d'arriver à la maison pour enlever sa brassière et le travestie pour la mettre...
- Mes cheveux sont la seule chose sur moi qui n'est pas straight...
- Ce qui est difficile de changer de sexe pour devenir une femme est l'opération. Il faut se faire ajouter 50% de cerveau de plus...
- La première pensée que j'ai eu en devenant femme est ENFIN JE POURRAI FAIRE PLUSIEURS CHOSES À LA FOIS...
- Lorsqu'un hommes insiste pour m'appeler monsieur je me dis, my god, il veut vraiment que je fasse partie de sa gang???
- Lorsque le chirurgien pour ma vaginoplastie vit ce qu'il y avait dans mes culottes il me dit, "je n'aurai vraiment pas besoin de faire une greffe de peau."
- Je n'ai vraiment pas besoin de porter de brassière. Mes seins se tiennent encore tout seul. Ils sont encore neuf... :-)
- Entéka on ne pourra pas dire que je ne déplace pas des montagnes. J'en ai deux nouvelles sur ma poitrine :-)
- Un des gros avantages d'avoir changé de sexe et de faire du vélo est que je n'ai plus besoin de me replacer le testicule gauche...
- Après avoir changé de sexe j'ai tellement été surprise d'observer que je pouvais maintenant suer sous les seins
- Ce qui me fait rigoler depuis que je suis une femme est que lorsque je dans j'ai l'impression d'avoir 4 bras...
- Depuis que j'ai changé de sexe je suis si sensible que lorsque je vois un saule pleureur je pense que c'est de ma faute...
- Depuis que je suis une femme je fais plus attention et lorsque je vois des gens en avant de moi, je me demande s'ils me suivent à l'envers
mardi 1 mars 2016
La stigmatisation des trans dans certains médias, réponse à Eric et les fantastiques
J’ai vécu ce seuil qu’on nomme la dysphorie d’identité de genre. Après avoir passé ma vie à nier qui j’étais, la réalisation que je ne pouvais plus faire semblant d’être un homme, m’entraîna dans une profonde et douloureuse dépression (la dysphorie), et on me dit que je serai le reste de mes jours dans cet état dépressif sévère ou que la voie de la guérison passerait par le changement de sexe, qui est en fait le « traitement» de cette dangereuse dépression.
Pour revenir à la stigmatisation de certains médias, ce week-end, sous la plume de la chroniqueuse de LaPresse Marie-Claude Lortie, signait le papier Voici Katrina qui est un modèle de traitement de la transsexualité avec recherche et modération. Pourtant, dans ce même média, quelques jours plus tôt on pouvait lire Québec a payé 9 millions pour plus de 600 changements de sexe. Pourquoi utiliser ce titre accrocheur? Veut-on dire que c’est trop d’argent, veut-on sous-entendre que c’est de l’argent mal dépensé? Veut-on faire réagir le peuple? Aussi, pourquoi ne réserve-t-on pas le même traitement aux chirurgies de la cataracte, de remplacement de la hanche, aux chirurgies des personnes qui sont en fin de vies ou de toutes autres chirurgies spécifiques? Pourquoi ce traitement «spécial » pour « la seule chirurgie » qui est payée par l’état pour les transsexuelles? Je comprends que la journaliste qui a fait un travail de « demande d’accès à l’information » et qui a interviewé Marie-Marcelle Godbout pour son papier n’est sans doute pas responsable du titrage de son article. N’empêche que ce titre a ouvert la porte à tous ces pourfendeurs des trans qui ne demandaient qu’à sauter dans la mêlée.
D’ailleurs plusieurs sont arrivés avec l’argument « on ne paye pas pour telle intervention (mettez ici l’insémination artificielle, la diminution mammaire ou toute autre intervention que vous jugez légitime) alors on devrait couper pour les trans. Comme si par la magie des vases communiquant, en coupant le 9 millions accordés pour les vaginoplasties ou aux phalopasties, cet argent devenait disponible pour votre propre vision de la médecine idéale. Comme si on coupait pour ces opérations, tout d’un coup, dans sa grande sagesse, le gouvernement mettrait ça dans l’aide sociale, l’éducation ou autre sujet qui vous tient à cœur!!! Aussi, peu de gens réalisent qu’en coupant ce neuf millions, il en coûterait très certainement 72M$ de plus strictement en coût associé aux suicides des trans non opérés, comme je l’expliquais sur ma page Facebook.
Le conseil québécois LGBT a dû réagir à cet article et c’est l’émission Salut Bonjour de TVA qui a reçu sa porte-parole.
Mais là où le bât blesse, est le traitement aberrant qu’en a fait l’émission Éric et les fantastiques à la Radio Energie FM 94,3 Montréal. Éric Salvail, Réal Béland, Mike Ward et Caroline Proulx qui a proposé de discuter des 9 millions de dollars dépensés pour 600 changements de sexe, ont déblatéré des préjugés, des blagues de très mauvais goût et des comparaisons toutes plus boiteuses les unes que les autres. Heureusement Réal Béland a tenté, sans grand succès, de ramener son groupe de « fantastiques » à un peu de décence et un peu de bon sens.
D’écouter Ward dire que :
s’il voulait avoir des souliers rouges, il s’en payerait ou que la plupart des gens qui changent de sexe gardent leur pénis. Ce qui coute cher c’est de virer la saucisse de bord hahaha Ils ne devraient pas changer de sexe parce qu’aller aux toilettes avec un pénis c’est mille fois mieux que d’y aller avec un vagin rabouté
C’était d’une infinie tristesse, mais il semble que ce soit de l’humour. D’ailleurs les gens qui changent de sexe gardent leur pénis? J’aimerais bien voir des statistiques là-dessus. Un vagin rabouté? J’imagine qu’il en a déjà vu plusieurs? Il suggère aussi aux trans d’aller se faire opérer à leur frais au Brésil parce qu’ils ont hot là-bas. Il n,est sans doute pas au courant que le Brésil détient aussi le triste record mondial du plus haut taux de meurtre de transsexuels.
Caroline Proulx quant à elle, en plus de prétendre qu'on ne devrait pas payer pour de telles opérations, avance que "c’est le plus coûteuse des opérations de trans". Ha bon? Vous en savez quoi madame Proulx? Strictement pour ma chirurgie de féminisation faciale ça m’en a coûté 25 000 $. Elle avance aussi que les femmes qui ont eu un cancer du sein et qui ont besoin d’une reconstruction mammaire la payent elle-même parce que c’est vraiment trop long d’attendre après le gouvernement. Vous savez sans doute quel est le délai d’attente pour une opération de changement de sexe? Elle suggère aussi de se faire une association des gens avec des ongles incarnés. Opération qui est déjà couverte par la RAMQ. Elle mentionne aussi que le 9Million ne couvre pas les salles d’opération, l’anesthésie et les médicaments qui sont pris par la suite de l’opération. Encore une fois, vous en savez quoi? L’Anesthésie est couverte dans le 9 millions, de même que les soins postopératoires et les médicaments, comme pour tout autre patient, sont couvert pas l’assurance médicament de tous les Québécois.
Ce qui est triste avec un tel étalage de n’importe quoi, de préjugés, de mépris, d’absence totale de recherche et d’absence de discussion avec des spécialistes ou de trans, est que de nombreux auditeurs écoutent et se font une idée à partir de ces conneries de haut niveau. Si des trans se suicident par désespoir, se font intimider ou se font rejetés, vous aurez un peu de leur sang sur les mains…
Coût d'un seul suicide au Québec
Le coût d’un suicide pour la société est évalué à 849 878 $, incluant les coûts directs pour les services de santé, l’autopsie, les funérailles et les enquêtes de police et les coûts indirects pour les pertes en productivité
Saviez-vous que chez les personnes trans*
- 78% rapportent avoir été victimes de harcèlement verbal
- 48% ont même été victime d’assaut (armé ou sexuel).
- 40% des patients suivis en clinique d’identité du genre en Alberta entre 1996 et 2008, ont eut recours à une chirurgie de réassignation sexuelle.
- De façon générale, 10% des crimes contre la personne au Canada ont des motivations reliées à l’orientation sexuelle! Ce nombre atteint 17% au États-Unis! 8.3%(1/12) des personnes MTF aux États-Unis courent la chance de se faire tuer alors que le taux normal est de 0.005% (1/18000). C’est 1500 fois plus élevé.
- 34% des personnes trans obtiendront un diplôme d’étude supérieure contrairement à 27% dans la population générale.
- 70% ont déjà pensé au suicide et entre 33% y ont déjà eu recours.
- Le taux de suicide est 20 fois moins élevé une fois que les personnes trans « traité » pour leur trouble de l’identité que chez les « non-traité »
- 24% utilisent des hormones du marché noir.
mercredi 28 mai 2014
Je ne serai jamais une femme et je n’ai jamais été un homme
Aujourd’hui, j’ai pris conscience des certains éléments de ma psychodynamique. J’ai compris pourquoi ça me faisait TELLEMENT tilter ces petites méchancetés ordinaires. Lorsque j’étais un homme, il y a si longtemps déjà, je n’en étais pas un. Aux yeux des autres, j’étais sans doute l’un des hommes les plus virils qu’ils pouvaient rencontrer. J’ai TOUT fait pour être cet homme. Je me suis virilisé de force afin de taire à tout jamais cette femme qui a toujours été là en moi. J’ai fait l’armé, le football, hockey, baseball et autres sports. J’ai été videur dans les bars. On ne me marchait pas sur les pieds. Je pouvais facilement remettre quelqu’un physiquement à sa place si jamais mon regard tranchant, ma verve ou mon gabarit impressionnant n’était pas assez. Si par malheur, quelqu’un faisait une blague sur ma virilité, je sautais littéralement une coche. On venait peut-être de percer mon secret le plus profond. On venait peut-être de percevoir que je n’ai jamais été un homme. En somme, socialement j’étais très bien avec les autres, mais très mal avec moi-même.
Aujourd’hui c’est tout le contraire. Je suis très bien avec moi même, mais ce sont les autres qui ont un problème avec moi, avec ma différence. Lorsqu’on m’appelle monsieur, même inconsciemment, même sans méchanceté, ce n’est qu’une petite goutte qui tombe sur mon crâne. Mais dans mon crâne, ça me rappelle cette vieille blessure que je n’étais pas un homme. Que je ne l’ai jamais été! Sauf que là ce qu’on me dit c’est que je ne suis pas une femme et que je ne le serai jamais.
Les gens ne sont pas méchants. Oui il y a des criss d’imbéciles qui le sont et ils ne sont statistiquement pas si nombreux que ça. Mais même les gentils qui inconsciemment me blessent à répétition, ne savent pas à quel point, dans ma tête, il gratte cette vieille blessure que je traîne depuis mon enfance. Je n’ai jamais « fitté » et je ne « fitterai » jamais. Avant c’était à mes propres yeux, maintenant c’est dans ceux des autres…
lundi 14 avril 2014
MERCI à Dr. Pierre A Comeau et à l’équipe de son SPA dentaire
Comme avril est le mois de la santé buccodentaire et que j’ai documenté ma transition de changement de sexe, c’est le moment opportun pour vous parler de l’une de mes dernières étapes de féminisation, celle de la modification de toutes mes dents. Dr. Pierre A Comeau a d’abord été mon client, puis mon ami avant de devenir mon dentiste. On m’a souvent méchamment fait remarquer « au prix que ça coute changer de sexe, t’aurais dû plutôt de faire refaire les dents ». C’était très difficile à prendre, mais on a déjà été encore plus méchant que ça.
L’une des raisons qui a fait que j’ai dû attendre longuement avant de me faire refaire les dents est que je souffrais d’une récession des gencives. Ce problème devait être d’abord réglé avant d’investir dans une nouvelle bouche. Par ailleurs, j’ai toujours eu les dents séparées. Je me voyais mal avec de belles dents droites, collées ensemble, et le look Pepsodent d’un beau dentier tout neuf. J’insistais donc pour garder cette particularité avec laquelle je suis née.
En discutant avec Pierre pour comprendre sa business et l’aider à se positionner en ligne, j’ai très vite réalisé qu’il avait des solutions pour mes problèmes spécifiques. Tout d’abord, le médicament Periostat permet de contrôler et d’inverser l’érosion des gencives. C’est déjà un bon départ. Puis Pierre me fit valoir « Michelle, ta va attendre combien d’années que des dents « tombent » peut-être parce que tu es une grosse fumeuse et buveuse de café? » D’ailleurs, étant un personnage public, à chacune de mes apparitions médias et/ou de mes photos, j'avais grandement honte de mes dents. J’ai d'ailleurs depuis des années, développer le réflexe de sourire la bouche fermée. Maintenant que j’ai de belles dents, je ne sais plus comment sourire la bouche ouverte. C’était aussi tout un exploit pour le photographe Olivier Samson Arcand, de me prendre en photo, naturellement, la bouche ouverte.
Le processus
J’ai eu de très nombreuses couronnes et facettes et chacune de mes dents a été refaite. Mais avant que le processus de refaire mes dents ne débute, j’ai dû porter une broche sur mes dents supérieures plusieurs mois. Cette broche avait pour fonction d’empêcher que je ne ferme complètement la mâchoire afin de déprogrammer les muscles de celle-ci afin qu’elle s’adapte mieux à la future position de mes dents. De nombreuses photographies et empreintes de mes dents furent prises puis elles furent toutes limées en formes de cône afin de recevoir des dents temporaires le temps que les nouvelles couronnes et facettes soient fabriquées. Lors des étapes de limage de mes dents (d’abord les dents supérieures, puis celles de la mâchoire inférieure) le docteur Comeau s’était adjoint à une massothérapeute qui faisait des massages visant à réduire la douleur.
Par ailleurs, en plus de vouloir garder mon espace entre les dents, l’une de mes demandes était aussi de féminiser mon sourire. C'est le technicien de laboratoire dentaire Dene Lebeau à Seattle, Washington, qui a sculpté celle-ci. Il vraiment enthousiaste de travailler sur un tel projet et de relever ces défis. Le côté négatif de ceux-ci était que comme il n’y avait pas de support pour mes dents d’en avant et que les temporaires étaient collé avec une colle aussi temporaire, elles tombaient sporadiquement (et généralement lors d'un cocktail alors que je discutai avec des gens) = AYOYE. Mais Pierre était toujours disponible pour mes les replacer.
Finalement, après plusieurs mois, mes couronnes et facettes définitives furent posées et depuis, j’ai ce nouveau sourire naturel et on ne peut plus personnalisé. D’ailleurs, souvent les gens me disent « Michelle il me semble que tu as quelque chose de changer? » Sans réellement être capable de mettre le doigt dessus. :-)
Je dois maintenant réapprendre à sourire la bouche ouverte, ayant passé ma vie à être gêné de mon sourire.
samedi 19 janvier 2013
Nous avons tous nos différences… et nos préjugés.
À la sortie de notre chambre, il y avait un grand balcon sur lequel je sortais fumer une clope aux trente minutes. Mon voisin de palier était un homme à l’allure d’un chef de gang de motards avec de nombreux tatouages et une gueule de tueur. Nous nous regardions (je devrais plutôt dire épions) épisodiquement. Puis, un détachement de la Sûreté du Québec apparut sur le terrain juste en face de nous, j’étais certaine qu’ils venaient là pour le chercher. Mais après quelques instants je réalisais qu’ils étaient plutôt là parce que leur bateau de service était amarré juste devant nous et qu’ils commençaient leurs chiffres.
À un moment donné, Bibitte Électrique est sorti à son tour et est venu me faire un baisé avant de s’asseoir près de moi. Notre voisin engagea la discussion sur le beau temps qu’il faisait. Ça ne dura que quelques secondes. Un peu plus tard, les enfants de notre voisin sortirent à leur tour, puis son épouse, puis sa belle-mère.
Le lendemain nous recommençons le stratagème, mais en discutant toujours un peu plus à chaque sortie. Puis il me dit « vous êtes un travesti? », je lui réponds « et vous un Hell’s Angel’s? ». Il partit à rire et moi aussi. Il venait de réaliser que j’avais tout autant de préjugés à son endroit qu’il en avait au mien. Il était un propriétaire de garage de débosselage avec une allure de tueur et j’étais une transsexuelle en début de transition avec une allure de travesti. Il était un bon père de famille qui écoutait au doigt et à l’œil son épouse et j’étais une bonne conjointe qui écoutait aussi au doigt et à l’oeil sa conjointe. Nous avons parlé de nos appréhensions et préjugés respectifs et rions d’un bon coup de ces fausses idées que nous avions l’un de l’autre. Si nous étions restés là encore quelques jours, nous serions sans doute devenus amis. Pourtant, au départ, nous avions tous deux de gueules, des looks, des attitudes, des vies qui ne correspondaient vraiment pas ce à quoi chacun s’imaginerait de l’autre.
Cette situation se répéta encore quelquefois durant ma transition. Elle se répète encore plusieurs fois par an. Les préjugés ont la vie dure. La réalité est souvent par contre très, mais là vraiment très différente…
mercredi 12 décembre 2012
Un enfant de six ans : ho oui elle est spéciale Michelle!
Quelques semaines plus tard, mon copain me raconta à quel point il était content que j’aille prendre un verre chez lui, mais il me dit aussi l’inquiétude qu’il avait pour la réaction de ses enfants qui rencontraient une trans.
Il demanda à ses enfants
-Avez-vous eu du plaisir à voir ma chum Michelle?
Les enfants
-ouiiiiii
Mon chum
-Est-ce que vous la trouvez spéciale Michelle?
Le plus vieux
-ho que oui elle est spéciale Michelle
Mon chum
-ha bon! Et qu’est-ce qu’elle a de spécial Michelle?
Le plus vieux
-Elle a une très Belllllllle voiture…
Comme quoi la perception et les appréhensions des adultes sont parfois déroutées par la candeur des enfants…
vendredi 2 novembre 2012
Un genre à part, les premiers extraits
Vous pouvez donc lire ici les premières pages et la dernière page de ce livre. Ça vous mettra déjà un peu dans l’ambiance de « Un genre à part », qui devrait être sur les étagères mercredi prochain. Vous comprendrez aussi sans doute ma fébrilité (mais je devrais plutôt dire ,notre fébrilité, puisque Bibitte Électrique est aussi très présente dans ce bouquin). Contrairement à mes précédents Pourquoi bloguer dans un contexte d’affaires, Les médias sociaux 101 ou Les médias sociaux 201, celui-ci est, disons… beaucoup plus personnel.
MICHELLE BLANC UN GENRE À PART
ÉDITIONS LIBRE EXPRESSION
Mot de l’éditrice
Lorsque j’ai demandé à Michelle Blanc de partager une partie de sa vie dans un livre, elle a accepté, pour faire un autre pas contre l’ostracisme. Il n’est pas facile d’ouvrir certains pans de son existence, encore moins lorsqu’on est un genre à part. Michelle Blanc est une femme qui doit se battre chaque jour contre les préjugés, plus intensivement qu’une autre femme. Pour elle, le défi est grand car elle doit accepter la femme qu’elle est et non ce que les autres voudraient qu’elle soit à travers ce qu’ils voient. Elle a son franc-parler, ses opinions tranchées, sa sensibilité féminine dans ce corps transformé.
Tout au long du projet d’écriture de ce livre biographique, processus infiniment délicat, j’ai été particulièrement émue par une personne : Bibitte Électrique, la conjointe de Michelle, qui était déjà dans sa vie alors que celle-ci s’appelait Michel. Encore aujourd’hui, et peut-être plus fort qu’au début, j’apprends personnellement de cette histoire d’amour, car il faut aimer vraiment pour demeurer ensemble, souffrir du regard des autres, faire avancer les perceptions et surtout vivre au quotidien tous les bouleversements personnels qu’une telle situation entraîne.
Ce livre ne vous dévoilera pas tout, mais tout au long de sa lecture vous sentirez la retenue qu’elles ont eue, car parfois la douleur est trop grande et la vie si fragile.
À Bibitte et à Michelle, je souhaite une vie paisible, si tant est que ce soit possible. Vous m’avez inspirée et aidée à apprécier la vie et certainement à réfléchir avant de juger… même dans ma tête.
Ce livre est rendu possible par l’ouverture d’esprit de Bibitte. Je crois essentiel de rapporter ici les sentiments qui l’ont animée dans le projet de livre de Michelle. De l’inquiétude à la colère, en passant par la tendresse et la résilience, Bibitte a collaboré aux entrevues, mais non sans heurts. Cette intrusion dans SA vie n’était pas son choix, c’était celui de Michelle. Avec le temps, elle a bien sûr accepté. C’est même elle qui a trouvé ce si judicieux titre.
Merci à Bibitte de nous livrer ses émotions brutes alors qu’elle se confiait à l’auteur Jacques Lanctôt pour la première fois en 2011.
Johanne Guay / Éditrice
Avec ce projet de livre, je me sens forcée de parler de notre relation, et cela me rend anxieuse. Je me dévoile devant une personne que je ne connais pas alors que ce n’était pas mon but. Ce livre, c’est beaucoup plus l’affaire de Michelle que la mienne, et je ne me sens pas concernée. C’est comme ouvrir une plaie qui n’est pas guérie. Le simple fait de parler de ma vie privée, de mes doutes, de mes interrogations me bouleverse. Bien sûr, Michelle restera toujours Michelle, comme je l’ai dit dans le documentaire De l’ombre à la lumière de la série Quand le corps n’y est pas, mais il y a des nuances. Il y a tout ce que je perds du Michel d’avant. Au début, je ne savais pas ce qui allait se passer. J’étais d’abord frappée par les changements sur son visage. Je le regardais et je cherchais ce qui me le rappelait et ce qui me ramenait à lui, à celui d’avant. J’ai voulu me raccrocher à ce que j’essayais de retrouver de mon Michel d’avant, ses yeux, ses mains, sa voix. Je vivais ça comme une perte graduelle, comme quelqu’un qui s’efface devant soi. C’était terriblement difficile. C’était comme une perte graduelle. Je ne savais même pas si MON Michel allait le demeurer au fur et à mesure de ses transformations. Ça m’a pris au moins six mois avant de pouvoir faire le changement de la conjugaison.
Le fait également que Michelle soit devenue une vedette a passablement changé ma vie. Auparavant, nous étions un couple anonyme, mais avec les apparitions de Michelle à la télé, ce n’était plus le cas. Je devais gérer les regards des gens qui nous regardaient dans la rue, surtout après son passage à Tout le monde en parle. Bien sûr, il y avait dans ces regards une bonne part d’admiration, mais d’autres nous voyaient comme des freaks.
Cette situation, à la longue, a commencé à faire partie de ma vie, j’ai commencé à m’y habituer graduellement. Puis là, avec ce projet de biographie, tout est remonté à la surface. Bien sûr, Michelle m’a expliqué qu’il y avait de nombreux avantages dans la publication d’une telle biographie. Elle n’aurait plus, entre autres, à répondre sans cesse aux questions des gens, elle n’aurait qu’à leur dire de lire sa biographie. Mais cet argument ne me convainc pas à 100 %.
Je ne sais vraiment pas ce que j’ai le goût de dévoiler de notre vie privée, tout cela est complètement nouveau. Avant d’accepter de collaborer à cette biographie, j’étais déjà en thérapie et je me suis déjà beaucoup confiée à d’autres personnes. Ce que je vis actuellement est assez difficile, c’est quelque chose de très personnel que je gardais pour moi, et là on me demande de m’ouvrir devant une personne, un biographe que je ne connais pas, de surcroît.
Je ne sais pas si je suis prête à en parler si ouvertement, et je suis terriblement angoissée face à cette idée de devoir sortir de ma vie privée. J’ai comme motivation le souhait profond que les gens comprennent, pour moins nous juger. Car parfois, bien que je sois assez forte et déterminée à être moi-même en couple avec Michelle dans les endroits publics, je souffre de ces regards qui, chemin faisant, m’habitent et contre lesquels je me défends tant bien que mal.
Bibitte Électrique
Remerciements
Merci à la providence d’avoir mis sur ma route Bibitte Électrique. Elle est tout pour moi. Merci à vous d’avoir lu cette histoire, à Jacques Lanctôt de l’avoir écrite avec tant d’humanité, à Johanne Guay d’avoir songé à ce livre et à plusieurs de mes amis d’y avoir participé.
Merci aussi de comprendre ce chemin peu parcouru et de tendre la main à tous ceux qui l’entreprennent ou l’emprunteront aussi. Merci de comprendre que de la différence peut naître la contribution positive.
Merci aussi d’avoir la gentillesse, voire la compréhension, de désormais m’appeler madame...
In memoriam
Marie Vigneault-Leblanc
Bernard Bélanger
Fabiola Rojas
Merci d’avoir été là pour moi. Je vous aime.
Michelle Blanc
vendredi 5 octobre 2012
Rob Anders - La bigoterie ne vient pas que des incultes, elle vient aussi de membres de notre parlement Canadien.
Petition to the House of Commons We, the undersigned, citizens of Canada, draw the attention of the House of Commons to the following: That Bill C-279, also known as the "Bathroom Bill", is a Private Members Bill sponsored by B.C. NDP MP Randall Garrison and its goal is to give transgendered men access to women’s public washroom facilities. And that it is the duty of the House of Commons to protect and safeguard our children from any exposure and harm that will come from giving a man access to women’s public washroom facilities. Therefore your petitioners call upon the House of Commons to vote Nay on the "Bathroom Bill".Voici donc l’expression de mon profond dégoût tel que je l’ai exprimé en directsur le réseau national de CTVNews.
samedi 15 septembre 2012
Lettre à mes sœurs
Toutes m’ont aussi dit que ce serait un stress épouvantable pour leurs enfants. Que j’allais les fucker. Cinq ans plus tard, je me demande s’ils sont encore perturbés? Je rappelle que plusieurs transsexuels(les) ont des enfants et qu’ils ne sont « fuckés » que si l’un des parents ou la famille réagissent très mal à la transition de l’autre parent. Je vous informe aussi que nous sommes maintenant grand-mères et que Liam, notre petit-fils, ne semble vraiment pas perturbé par le fait d’avoir deux grand-mamans. Les enfants sont comme ça. Ils apprennent de leurs parents et s’adapteront ou pas, en fonction de la réaction et du comportement de ceux-ci. Vous aviez une belle-sœur (ma conjointe) qui était dans un drame indicible. Depuis, elle subit aussi elle aussi « la tare » d’être avec moi. Jamais vous ne vous êtes inquiété de ce qu’il advenait d’elle. Jamais vous ne l’avez supporté. L’un de nos frères, qui agissait comme intermédiaire entre nous me donnait quelquefois des nouvelles de vous et s’enquérait des miennes. Un jour je lui dis, « si elles veulent avoir des nouvelles de moi qu’elles me téléphonent et s’il-vous plaît arrête de me torturer avec leurs nouvelles ». C’est terrible de savoir que mes neveux et nièces grandissent sans que j’aie aucun contact avec eux. C’était troublant de voir sur Facebook la photo de l’une de mes nièces, cinq ans plus tard, sans pouvoir lui parler et lui dire à quel point elle me manque et que je m’ennuie d’elle. Je ne comprends toujours pas ce que j’ai fait, ou n’ai pas fait, pour être ostracisée de la sorte.
Cinq ans plus tard, je suis toujours profondément meurtrie d’être sur votre liste noire. Aujourd’hui je vous ai vue. Vous m’avez vue aussi. Vous m’aviez exigé de ne plus jamais vous contacter et d’attendre que vous soyez prête et que vous viendriez vers moi ce moment-là. J’ai cru aujourd’hui que ce jour était venu. J’ai espéré que cette réunion funèbre qui nous réunissait aujourd’hui ferait naître une réconciliation. Mon deuil est maintenant plus lourd encore. Il est énorme. Il me pèse sur les épaules, sur le cœur, sur l’âme. Je me sens comme si un truck m’avait passée sur le corps. Ma conjointe et moi étions les fantômes qui étaient vivant dans la pièce. Même l’hommage photographique qui était fait à notre belle-sœur avait une photo dont mon amour et moi-même étions coupés. C’était celui de son dernier repas d’anniversaire. Cette attention à faire disparaitre l’image même de notre présence sur une photographie de la défunte est profondément vicieuse et troublante. Je sais que vous n’êtes pas responsables de cette idée géniale, mais c’est l’exemple même de notre mort archivistique, sociale, familiale et fraternelle.
Adieu à vous qui nous avez déjà fait mourir.
Nous vivrons heureuses avec les gens qui nous aiment, malgré votre meurtre symbolique…
Votre soeur Michelle
Suis maintenant triste pour ma défunte mère qui doit se retourner dans sa tombe... Elle aurait si honte de ses enfants...
Mise à Jour
Voici un message privé que j’ai reçu sur Facebook et qui me permet une réflexion additionnelle. Je trouvais important de vous la partager et j’exclus le nom de l’expéditeur pour respecter sa vie privée (tout comme je n’ai pas mentionné le nom de mes sœurs pour la même raison. J’ai d’ailleurs attendu 5 ans avant de vous partager ce drame qui est le mien et celui de ma conjointe et de son fils)…
Bonjour Michelle,
Même si je ne connais aucun transgenre dans mon entourage j'ai toujours eu de la difficulté à les accepter. Un jour, me questionnant, j'ai comme été frappé par une "révélation". Dieu que ces gens doivent souffrir pour avoir à "affronter" le changement de sexe, le regard des autres. Dieu que ces gens sont courageux. À partir de ce jour là, je ne comprenais toujours pas, ne l'acceptais pas plus, mais j'ai commencé à développer de la compassion pour les transgenres. Compassion que je développe un peu plus à chaque jour qui passe quand je pense à ceux qui vivent avec cela.
Je pense être une personne plutôt ouverte d'esprit mais mes circuits neuronaux internes se bloquent quand je cherche à comprendre ou à accepter.
Imaginez si nous étions frère et soeur!
Je vous en voudrais terriblement probablement… Alors que là, je n'aurais qu'une envie : celle de vous serez contre mon coeur pour vous faire oublier votre lourde peine face à vos soeurs!?!
Il n'y a rien à comprendre...
Je vous recommande la compassion envers vos soeurs. Vous aimeriez d'elles qu'elles vous acceptent malgré vos choix. Essayez de les accepter dans les leurs de ne pas accepter le votre. Vous serez déjà un peu plus en paix avec vous même et face à elle.
Bonne route,
mardi 11 septembre 2012
Le deuil de la femme et la gestion du mépris
Cet été nous avons fait une croisière en Méditerranée. À chaque destination, ça allait vraiment bien. Mais sur le bateau, c’était l’enfer. Le personnel du MSC Splendida et les autres passagers étaient vraiment odieux et méprisants à mon égard. J’ai déjà appris à relativiser, à me dire que je ne sais jamais ce que les gens pensent, à regarder ailleurs ou à pratiquer l’aveuglement volontaire. Cependant, après un certain niveau de mépris, ces petits jeux mentaux ne fonctionnent plus. D’ailleurs sur le bateau, après un épisode particulièrement douloureux de mépris avec le personnel de bord, je suis allée déposer une plainte auprès de la responsable des ressources humaines du bateau. Après, on me traitait artificiellement aux petits soins. Je me disais que c’était mieux de vivre de la fausse délicatesse que de vivre du vrai mépris. Mais les autres passagers eux continuaient d’être outrageusement insolents.
Dans les derniers deux ans, j’ai aussi vécu deux menaces de mort, des menaces à mon intégrité physique et de trop nombreuses insultes en ligne et hors-lignes, ici et ailleurs. J’en suis extrêmement blessée et l’un de mes mécanismes d’adaptation est d’être devenue agressive. Je me dois de réagir et d’analyser ça en profondeur pour ma propre stabilité psychologique et pour le bien-être des gens qui m’entourent. Je dois faire le deuil de la femme que je ne serai jamais et dans un processus de deuil, la colère est malheureusement la première étape. C’est encore très difficile de vivre sa différence au grand jour. On me parle souvent de la « rançon de la gloire », mais peu de gens s’imaginent le réel prix de cette rançon…
mardi 14 février 2012
Lynn Conway et Marie-Marcelle Godbout, deux femmes qui m’ont sauvé la vie
Comme vous le savez sans doute, je suis une nouvelle femme. Mon parcours a été périlleux (surtout au début) et plein de défis et d’accomplissements. À l’automne 2007, je vivais une très grave dépression que l’on nomme une dysphorie d’identité de genre. Cette dépression était accompagnée entre autres d’idées suicidaires. À l’époque, je savais que la seule issue possible était de changer de sexe. Mais cette prospective s’accompagnait d’un profond désarroi et de la certitude que ma vie était finie. Que je serai une lépreuse pour le reste de mes jours et qu’on me cracherait dessus. J’avais la conviction que plus jamais, je ne pourrais être heureuse, que je perdrai mes clients, ma pratique, mes amis et ma famille.
Lors de périodes moins troubles, je naviguais sur le web à la recherche de réponses à ma détresse. Je lisais tout ce qui avait rapport de près ou de loin avec le sujet de la dysphorie d’identité de genre et la transsexualité. C’est ainsi que je suis tombée sur le site de Lynn Conway. Transsexual Women's Successes. Ce site était une mine d’information sur la condition de transsexuelle, mais surtout d’histoires de femmes et d’hommes ayant survécu à ce changement majeur et ayant réussi leur vie sur le plan des affaires, de la science, du sport, des arts ou de la politique. Le site avait pour objectif de détruire les mythes, stéréotypes et l’invisibilité sociale souvent associée à la condition de transsexuelle et dieu qu’il a atteints son objectif. De savoir qu’on pouvait survivre à ça, me donna un courage de continuer mon chemin et surtout de garder la tête haute.
J’eu aussi le plaisir de discuter avec Marie-Marcelle Godbout qui depuis 30 ans, bénévolement, à bout de bras et de conviction, mène l’Association des transsexuels (les) du Québec, une ligne d’écoute et de référence et tient des rencontres de trans afin qu’ils (elles) puissent discuter en groupe de leurs enjeux et cheminements. Alors que j’étais présidente d’honneur des célébrations de la fierté de Montréal, lors d’un cocktail des bénévoles, j’eus le plaisir de la remercier publiquement et de souligner ses admirables efforts pour aider les gens comme moi et de dire qu’elle était l’un de mes très grands héros anonymes. Après le cocktail, elle vint me remercier toute émue, et me dit qu’en trente ans, elle n’avait que très rarement été remercier publiquement.
Ces deux femmes, à leur manière, m’ont permis d’être encore ici aujourd’hui et de vous parler d’elles. De communiquer, de partager positivement des histoires de vie et d’offrir des ressources informationnelles, aide d’une manière que vous pouvez difficilement imaginer, ceux et celles qui vivent une intense détresse. On appelle ça « la catharsis ». Moi j’appelle ça plutôt la grandeur d’âme, la générosité du cœur et l’ingéniosité du partage. Je suis en dette pour le reste de mes jours envers ces femmes et je suis certaine que vous aussi, peut-être même sans le savoir, êtes aussi en dette envers des gens qui vous ont montré la lumière au bout du tunnel…
vendredi 3 février 2012
Ma conférence à TEDxMontpellier : Devenir une Femme … 2.0
Découvrez un Talk tout en émotion avec Michelle Blanc conférencière et auteure spécialiste des stratégies digital media qui a fait le choix de se livrer à un exercice humain ; expliquer sa transformation en femme 2.0. Où comment nos vies numériques peuvent transformer nos vies réelles.P.-S. Encore heureux que je sois allée à Montpellier il y a une semaine puisque cette semaine LaPresse titrait Les transsexuels et transgenres ne pourraient plus prendre l'avion . Merci aux Conservateurs de nous faire des lois si transphobes et de ramener le pays encore une fois en arrière…
dimanche 11 septembre 2011
Quand le corps n'y est pas | De l'ombre à la lumière | Webtélé | Canal Vie
lundi 5 septembre 2011
Bienvenue aux lecteurs du magazine 7 jours et téléspectateurs de la série De L’ombre à la lumière
Cher lecteurs du touchant article Michelle Blanc « Je suis maintenant une femme heureuse » du Magazine 7 jours, et téléspectateurs de la série De L’ombre à la lumière, (Canal Vie Lundi 5 septembre 2011 à 23h Rediffusions : mardi 6 septembre à 5h, jeudi 8 septembre à 15h, dimanche 11 septembre à 20h) bienvenue sur mon site personnel.
Vous me permettrez tout d’abord de remercier chaudement le journaliste Steve Martin, pour son texte empreint d’humanité et de respect, le photographe Guy Beaupré pour ses clichés extraordinaire et la maquilleuse Sylvie Charland pour la magie de ses pinceaux.
Je remercie aussi (comme je l’ai mentionné dans l’émission Quand le corps n’y est pas) Maryse Chartrand de m’avoir sauvé la vie (bien malgré elle) et de m’avoir invité à participer à sa série documentaire. Sa productrice, son équipe et elle même ont été d’une candeur, d’un respect et d’une écoute qui me touche encore. D’ailleurs cela se voit très bien dans l’émission de même que dans les autres épisodes que j’ai pu regarder jusqu’à présent.
Ressources
Je vous invite à visiter le site sur lequel vous vous trouvez, mais aussi à explorer l’un de mes autres blogues MichelleBlanc.com, qui est mon site professionnel. Si vous mêmes ou l’un de vos proches avez des enjeux d’identités de genre vous trouverez certainement réconfort et des ressources en visitant le site de l’Association des transsexuels(elles) du Québec, ou en posant des questions aux experts et intervenants ou en lisant les nombreux contenus du réseau social de la diversité sexuelle AlterHeros.
Merci encore d’être arrêter ici, bonne route et comme me l’a souligné mon médecin de famille lors du déclenchement de ma dysphorie d’identité de genre, il y a moyen de vivre une vie marginale heureuse.
Bonne route à vous…
Papa d'un garçon de 6 ans transgenre
Bonjour Mme BlancMa réponse
Primo, je voudrais vous dire que je vous trouve admirablement courageuse et déterminée. Il m'apparaît clairement que vous êtes très intelligente aussi donc, je me permets cette missive.
Mon garçon à 6 ans et vient de commencer la première année. C'est clair comme de l'eau de roche qu'il préférerait être une petite fille.
Il y a des cons dans notre famille qui me disent que ce n'est pas normal que je le laisse s'habiller en petite fille ou qu'il puisse choisir son nouveau sac à dos et sa boîte à lunch sous prétexte que les "autres" vont le taquiner. Qu'est-ce que ça peut bien faire qu'il aime beaucoup plus les choses "de fille"?
Pour ma part je suis TRÈS agressif vis-a-vis les gens qui veulent le taquiner ou qui lui font des reproches. C'est toute ma vie ce petit bijou de garçon-fille.
Ma question pour vous est la suivante...à quel âge saviez-vous que vous vouliez un changement?
Mon garçon mentionnait déjà vers 2 1/2 ans qu'il ne voulait pas avoir de pénis.
Aussi, je le laisse ABS-so-lu-ment libre de ses choix vestimentaire ou autres.
Comment faire pour que les gens comprennent que c'est EUX qui ont un problème et pas mon enfant?
Il est un petit garçon exceptionnel.
Merci
La psychologue Françoise Susset (à Outremont) est spécialisée avec les enfants ayant des enjeux de trans-identité et il arrive qu'à l'adolescence, ces problèmes se règlent. Dans tous les cas, bravo pour votre ouverture à comprendre et accepter votre enfant. et bonne chance.
Mise à jour (MAJ)
Les trasnssexuels naissent comme ça. le moment de la découverte de sa réalité apparaît en fonction des mécanismes de négations qui sont construit depuis la plus tendre enfance. Voici un top sur un enfant de 10 ans http://abcnews.go.com/Nightline/video/jackie-transgender-kids-gender-identification-primetime-nightline-1442532
Documentaire à propos d'une jeune transsexuelle de 13 ans: I am a girl http://youtu.be/TXpViPHnT3U
MAJ3à propos des enfants Transgenre au Québec: Émission une pilule une granule : Enfant transgenre http://pilule.telequebec.tv/occurrence.aspx?id=647
mercredi 6 juillet 2011
Le fil d’arrivée
samedi 18 juin 2011
Jeff Fillion et sa bande à propos de moi et des trans
C’est quoi ce gars en fille ?
A mesure 6 pieds, non y mesure 6 pieds, 6 pieds et trois 6 pieds et quatre, c’est une bête
Michel Blanc si j’me trompe pas y a plus de morceau là
Y s’est fait vider pis en plus on opère ce monde là
Y s’est fait vider le tube pis rentrer par en dedans
Chuis né dans un corps de gars mais je suis un fille, voyons donc, prends-toé des pellules pis fais-toé une dépression
On peux-tu le dire, on est tanné d’avoir notre liberté d’expression « pognacé » on peut-tu le dire, on peux-tu appeler un chat un chat, des gens de même c’est une joke
Quand tu les vois à la tv on dirait un party d’haloween
Si vous avez une bite, pis que vous dites à un médecin, je veux la faire vider pis faire un sac avec, pis que tu dis, je suis en gars dans un corps de femme à un médecin, bin là on t’opère à gros prix, pis y en a pu de problèmes,
Me souvient il y a des journalistes qui retwittait ça, il était content il avait eu ses premières règles, y était content
Mais c’est surtout de se faire à croire qu’on trouve ça correct, c’est même pus drôle,
Il y a tu de quoi de plus laitte à regarder qu’un travesti
Y veut devenir une femme mais y est encore avec une femme, je suis une femme lesbienne (bruit de pet)
- j’ai déjà dit à madame Christiane Charrette que d’avoir écouter son émission ou était invité Maryse Chartrand qui disait « Le suicide est une solution permanente à un problème temporaire » m’a sauvé la vie. A Contrario, des inepties, de l’injure et de la moquerie peuvent aussi (sans doute) conforter et valider les préjugés et le mépris qui existent déjà chez certains des auditeurs.
- Je suis pour la « libaaaaarté » d’expression. Il me semble cependant qu’elle trouve sa limite lorsqu’elle devient haineuse, sexiste, raciste, homophobe, transphobe, qu’elle s’attaque à des différences et qu’elle cible des individus ou des groupes et incite au rejet, et à l’opprobe.
- L’excuse de « ça vient de mon éducation de fond de campagne » est vicieuse, démagogue et encourage la médiocrité et la méchanceté. C’est l’équivalent de dire, ce n’est pas de ma faute si je suis (choisir ici entre raciste, sexiste, homophobe, etc) c’est que c’est la norme et que ça a toujours été comme ça, que c’est de la faute aux autres s’ils ne sont pas dans le moule « du bon côté de la track ». Ils n’ont qu’à ne pas être différent et il n’y aura pas de problèmes. Si on vomit sur « la différence » y a rien là, c’est juste des jokes et un gars efféminé, ce n’est pas grave si on « l‘écoeure ». Anyway, il va certainement apprendre à ne pas être aussi fucké et devenir viril comme tous les autres.
L'ouverture et ses limites (de Doom Dumas)
mercredi 16 février 2011
Qu’est-ce qu’une vraie femme?
La revue Clin d’œil m’a récemment demandé de participer à l’édition de mars et de répondre à la question Qu’est-ce qu’une vraie femme?
C'est une question alambiquée avec laquelle je risque fort de vivre le reste de mes jours étant donné mon statut de nouvelle femme. C'est LA question qu'on se pose intérieurement lorsqu'on me rencontre, et c'est aussi celle qu'on tente continuellement de m'imposer à partir de stéréotypes sociaux qu'on a plus ou moins intégrés. On fait ça par des commentaires du genre: «Ah... c'est vraiment une réaction de femme», «une femme ne ferait pas ça» ou «on voit bien que tu as déjà été un homme pour agir ou réagir de cette façon!». J'emmerde donc tous les bien-pensants. Une vraie femme est la femme que j'étais dans mon cerveau à ma naissance, celle que je suis anatomiquement maintenant et celle que je serai dans mes pensées, mes gestes et tout mon être. Voilà! J'ajouterais que j'aime beaucoup plus la question: «Qu'est-ce qu'une femme vraie?» et que je m'efforce d'être la plus vraie possible, tous les jours de ma vie.
En anthropologie, science que j'ai déjà étudiée, j'ai appris que plusieurs sociétés avaient des rites de passage qui permettaient justement de faire une différenciation entre l'adolescente (adolescent) et la femme (homme) et qu'un troisième sexe (par exemple, Berdache chez les amérindiens) permettait aussi d'inclure dans un groupe ceux qui «n'étaient pas des vrais» ou, plus précisément, «ceux qui avaient la bénédiction des dieux d'être nés avec les deux esprits, féminin et masculin». Ces sociétés avaient déjà compris que la nature et la nature humaine ne sont peut-être pas binaires (femme-homme), comme nos sociétés, dites civilisées, s'amusent à le croire...
Par ailleurs, j’ai déjà mis en ligne mon billet 30 mois de transition en photos. À ce montage, il serait sans doute maintenant pertinent d’ajouter le shooting de Crila que vous retrouvez à l’hyperlien de Clin d’œil, mais aussi celui de mon désormais photographe officiel, Olivier Samson-Arcand, qui il y a deux semaines, a pris le temps de me photographier de nouveau. Disons que ses clichés ont le don d’augmenter sensiblement mon estime de moi et de me faire prendre conscience du chemin parcouru…
lundi 20 décembre 2010
De l’homophobie et de la transphobie ordinaire
Voici donc deux exemples de ce matin, d’homophobie ordinaire. Je protège l’identité de ces connards parce que je ne veux pas qu’ils vivent l’ostracisassions qu’ils font vivre aux autres, mais parce que ces exemples prouvent aussi que la hargne anti-gai existe malheureusement encore.
mercredi 27 octobre 2010
D’une vaginite 2.0
Je reçut de nombreux courriels de femmes me partageant leurs trucs pour régler ça de même que plusieurs insultes au passage. Ça a même fait les manchettes de plusieurs médias numériques! Il semble qu’il y ait des choses dont on ne parle pas. Il semble que je sois vulgaire. Il semble aussi que je sois pipi-caca. J’admets volontiers être provocatrice, j’ai toujours aimé l’humour scabreux et il est important de détruire des tabous tenaces et de parler de « vraies affaires ». Ce qui choque n’est pas seulement que J’OSE dire à la face du monde que j’ai eu une vaginite, mais que je sois une nouvelle femme, qu’on nomme aussi transsexuelle, un transexuel, un mec, un ex-mec, un transgenge ou une shemale. Tout cela en fonction de sa compréhension des termes techniques de la transsexualité, de son ouverture d’esprit et de son respect de l’autre. Cet épisode ouvre aussi tout un pan de nos perceptions sexistes et moralistes.
« Une femme ne dirait jamais ça » -- d’une femme
« Parce que c'est juste fucking impossible, elle a juste la peau irritée, elle peut pas avoir de vaginite criss !!! » -- d’une autre femme
« Tu connais mal tes sécrétions; c'est du smegma pas du segma. RT @PierreLuc_: Après l'histoire de vaginite, quel gars va ns parler de segma? » -- d’une sexologue à un gars qui ne sait définitivement pas de quoi il parle
« J'aimerais déclarer ceci : je n'ai pas présentement, et je n'ai jamais eu de vaginite... » -- un journaliste mâle
Constats de cette histoire
Notre société est encore bien fermée à parler du corps humain et de ses diverses sécrétions naturelles. Surtout si elles proviennent du corps de la femme. Comme j’ai longtemps été un homme, que j’ai fait une transition publique et que je ne cache pas en avoir déjà été un, je vais porter probablement l’odieux titre de Transsexuelle ou pire de transsexuel (qui est généralement réservée pour une femme qui fait une transition pour devenir un homme et au terme duquel on devrait plutôt appeler monsieur) ou d’ex-mec, je risque de mourir avec un chapeau d’article disant une connerie comme :
Michelle Blanc né Michel Leblanc est mort aujourd’hui. Il est un transsexuel qui a fait avancer la cause des personnes transgenre…
Pour suivre les discussions Twitter à propos de la vaginite (je devrais plutôt dire de ma vaginite)…
http://twitter.com/#!/search/vaginite
jeudi 1 juillet 2010
Un an dans un corps de femme
Toujours est-il qu’hier, « j’étais sur mon 34 », que je me sentais femme comme jamais et que j’étais vraiment « cute ». Je suis allée manger avec mon père qui semblait vraiment impressionné par mon look. Il me dit « Michelle, tu es maintenant une très belle femme et tu sais que j’ai toujours eu un faible pour les grandes femmes ». Il était tout rouge et ému de me dire ça. Ça me fit un plaisir extraordinaire. Enfin, mon père validait ma féminité!
Mais si je reviens sur ce périple, je dirais qu’il est jonché de moments extraordinaires et de d’autres, très difficile. Pour certaines personnes je suis un modèle d’accomplissement et pour d’autres, je ne suis qu’un abject personnage de fêtes foraines, qu’une freak sur lequel il fait bon vomir. C’est vraiment étrange dans l’espace de 10 minutes de recevoir les éloges puis les sarcasmes d’inconnus. Comme la semaine dernière j’étais avec Bibitte dans le village gai. Deux personnes nous arrêtent dans la rue pour me dire à quel point ils m’admirent et quelques minutes plus tard, nous croisons quatre adolescents qui lorsqu’ils me voient, font semblant de vomir. C’est d’ailleurs assez représentatif de ce qui se passe dans une semaine normale. M’enfin, je m’habitue à ce regard des autres qui va dans tous les sens. L’important est que je suis vraiment bien avec moi-même, avec mon nouveau sexe et avec l’amour de ma vie qui est toujours à côté de moi.