Ça me fait très plaisir et ça gonfle mon égo insatiable, mais en même temps ça me trouble au plus haut point. Je ne me vois pas dans les yeux des autres et je peux difficilement comprendre cette admiration qu’ils disent avoir. Moi je me trouve très loin d’être admirable ou d’avoir du courage. Je suis une survivante certes, j’ai de la résilience, mais du courage? Je n’avais pas le choix de changer de sexe. C’était ça ou la dépression sévère (que je vivais depuis 4 mois) pour le reste de mes jours sans traitement possible. Le choix n’était donc pas difficile à faire. Ça me trouble donc qu’on m’idolâtre, qu’on m’admire, mais je suis un peu mieux avec le fait que peut-être j’inspire. C’est vraiment étrange parce que j’ai énormément changé tout en restant la personne que j’étais. Il y a deux ans personne ne serait venu me dire qu’il m’admirait et maintenant c’est monnaie courante. De plus, je connais assez bien mes très nombreux défauts et mes faiblesses. Je travaille sur moi et je suis très, très loin d’être parfaite. Mais j’ai cette capacité d’ouverture et de partage et je suis authentique, mais est-ce si admirable que ça? Non je ne le crois pas. Gandhi, Sœur Thérésa, Obama sont peut-être admirables? Moi pas…
Lorsqu’on me dit ça et que j’acquiesce poliment, j’ai l’impression de mentir et d’accepter des hommages qui ne me sont pas dus. Voilà…
MAJ
Voici un courriel que j’ai reçu par rapport à ce billet. Les noms et éléments pouvant identifier cette personne sont gomés pour protéger son identité
Bonsoir Michelle,
Je passe par ce message parce que je suis trop gênée pour écrire un commentaire qui sera lu par pas mal de monde (je ne t'apprends rien, tes billets sont MÉGA lus). Mais je me disais que tu m'as l'air de trouver difficile de recevoir toute cette admiration, comme si cela ne t'était pas dû. Ça me fait penser, quand j'étais une journaliste plus connue (en XXXXX) et que l'on me faisait des honneurs; je me sentais vraiment mal à l'aise et on m'a dit que je souffrais peut-être du syndrome de l'imposteur. En effet, je n'ai jamais vraiment pensé que j'étais une vraie journaliste et que si les gens me connaissaient vraiment, ils ne seraient certainement pas comme ça...Je me suis même cassé la gueule une fois, pour, inconsciemment bien sûr, ne pas profiter d'un prix; enfin... c'est une autre histoire.
Moi aussi, je t'admire. Je t'admire pour la façon dont tu as passé à travers et je me rappelle souvent cette phrase que tu as citée, lors d'une conférence des Geek: «le suicide est une solution définitive à un problème temporaire»; ça m'encourage à continuer.
Des fois, on n'a pas idée de l'effet qu'on aura sur la vie des gens. Et bien toi, tu en fait beaucoup, d'effets, et ça rayonne sans doute pas mal plus loin que tu imagines. Profites-en Michelle, jouis-en!
Ça me touche beaucoup qu’on me rappelle que j’ai dit ça mais c’est une phrase qui n’est pas de moi et que j’ai moi-même entendue avant qu’elle ne me touche… Alors c’est peut-être ça mon problème. Le syndrome de l’imposteur. Je vais donc investiguer ça avec mon psy la prochaine fois que je le vois…
3 commentaires:
Michelle,
L'admiration est quelque chose de passager alors profites-en bien pendant que ça passe. Je crois que ce qui déclanche cette admiration et ce respect est peut-être ce gutts et cet applomb qui se dégage de toi. Chacun caresse un rêve mais très peu font ce qu'il faut pour y arriver. Si tu réussis à à être la muse de quelques uns et que cette inspiration les aide à réaliser leur bût c'est déjà beaucoup. Ton énergie est contagieuse.
Bons baisers
Moi j'ai juste envie de dire que je ressens de l'amitié sincère ! :-)
Très bonne journée à toi Michelle ! :-)
Bonjour Michelle,
Un simple mot pour dire que cette ouverture que tu nous donne sur ta vie démontre d'un courage peu commun. Même si ta perspective est différente, il y a une sensibilité à traiter de ce sujet (et des répercussions pour cause de préjugés) qui fait en sorte que bien des trans garderais pour eux.
Alors que toi, tu brise la barrière du silence voilà ce qui est admirable.
Un livre me viens en tête:
"Prometheus rising" de Robert Anton Wilson.
A bientôt,
Alain.
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