lundi 26 janvier 2009

Réponse à un étudiant de secondaire cinq

Il y a quelques semaines, un étudiant de secondaire cinq m’a écrit pour savoir si j’aimerais bien répondre à ses questions concernant ma condition, afin de faire un travail scolaire spécifique sur la dysphorie d’identité de genre. Voici donc ses questions et mes réponses.



Q-À quel moment avez-vous commencé à penser sérieusement à l’opération et pourquoi? Comment avez-vous su que vous aviez un besoin réel de recourir à la réassignation hormono-chirurgicale?


R-Une fois que j’ai eu mon diagnostic et que j’avais le choix d’être en dépression sévère le reste de mes jours avec aucun traitement possible ou de faire une transition.

Q-Qu’est-ce que vous espérez (vos attentes) de ce changement dans votre vie?


R-J’espère être un jour enfin perçu comme une femme

Q-Vous arrive-t-il de penser aux regrets qui pourraient survenir après une opération de cette envergure? Expliquez comme bon vous semble…


R-J’y songe et je n’entrevois pas avoir aucun regret. J’en parle avec mon psy et je suis très confortable avec le fait de devenir une femme. Cela étant dit, il est évident que j’ai subi de grosses pertes et fait de gros gains. Par exemple, j’ai perdu le contact avec certains membres de ma famille ou encore je ne suis plus invitée aux événements des « boyz ». Par contre, je me suis fait énormément de nouveaux amis et ce sont maintenant les « girlz » qui m’invitent à leurs événements (diner, soirée etc.)

Q-Selon vous, quels sont les points positifs les plus importants de cette intervention?


R-Je vais pouvoir prendre des doses d’hormones beaucoup plus faibles ce qui sera mieux pour ma santé en général. Je vais être anatomiquement une femme et les changements corporels inhérents aux hormones vont s’accélérer puisque je n’aurais plus de testostérone. Je vais aussi pouvoir expérimenter ce que c’est que de se faire pénétrer et jouir comme une femme.

Q-Les points négatifs?


R-Une grosse intervention chirurgicale comme celle-là, comporte des risques et ça va demander de l’adaptation pour apprendre à vivre avec ce nouveau sexe. L’autre point négatif est le coût de cette et des nombreuses opérations nécessaires à un tel changement de vie. Il appert que le gouvernement payera pour certaines ou toutes les opérations de changements de sexe, mais les critères d’admissibilités et les paramètres de ce programme ne sont pas encore déterminés.


Q-Percevez-vous votre situation comme une maladie mentale ou plutôt comme une erreur de la nature? Expliquez comme bon vous semble…


R-La science classe la dysphorie d’identité de genre comme une maladie mentale se traitant par la transition. Mais de plus en plus, cette vision est contestée et on présente cela plutôt comme une particularité de la nature. Tout comme la trisomie, cela arrive de manière statistiquement aléatoire, on médicalise la condition, mais en réalité il semble que ce ne soit plutôt qu’une des nombreuses expressions possibles de la nature. Mais tout comme la trisomie qui n’est peut-être pas une maladie, les gens aux prises avec la dysphorie d’identité de genre doivent composer avec un nombre incroyable d’enjeux de toutes sortes et l’appuie de la société pour les aider à s’intégrer physiquement, psychologiquement et socialement n’est certes pas un luxe.

Q-Si je comprends bien, le but de l’opération est de devenir ce qu’une personne à toujours été (homme, femme) en obtenant l’enveloppe corporelle mâle ou femelle… Ce but n’est-il pas de se fondre parmi la masse? Donc, pourquoi s’attribuer le statut de transsexuel qui peut mettre les transsexuels dans une classe à part?


R-Le statut de transsexuelle est un statut temporaire qui marque la transition. À terme, on est le sexe opposé du départ. Cependant, certaines personnes resteront trans toute leur vie et seront heureux(ses)
de cet état. On dira alors que ce sont des personnes « transgenre ».

Q-En rapport avec la question 7 : Est-ce pour aider les autres personnes atteints de la dysphorie d’identité de genre ou pour d’autres raisons selon vous?


R-L’homme a besoin de termes pour définir les choses qu’il observe et le terme transsexuel a été déterminé pour décrire les gens qui ont un esprit différent de leurs corps. Les Amérindiens avaient une grande catégorie qui comprenait les non-hétéros hommes ou femmes (le 3e sexe en fait) ils appelaient ça des « berdaches ».

Q-Croyez-vous que la société accepte bien la situation transsexuelle et pourquoi?


R-Il reste encore beaucoup de vulgarisation à faire et la société n’accepte encore que partiellement les transsexuels. C’est l’un des derniers grands tabous et plusieurs trans, lorsqu’elles sont diagnostiquées, changent de vie, de nom et d’identité et disparaissent le plus possible de la face de la société. Cette situation n’aide pas la société à les comprendre et à les accepterer. L’association de Transsexuels (elles) du Québec a une journée de la fierté trans donc le but avoué est de faire de la vulgarisation et de donner une peu de fierté sociale aux gens aux prises avec cette condition.

Q-Malgré tout, la réassignation hormono-chirurgicale reste-elle la meilleure solution pour l’instant?


R-C’est la seule solution qui fonctionne, qui a fait ses preuves et qui est reconnue par l’association internationale chargée de développer les protocoles médicaux et thérapeutiques de cette condition. The World Professional Association for Transgender Health, WPATH, www.wpath.org


Q-Devrions-nous en trouver d’autres (solutions), comme la psychothérapie afin de retrouver (ou trouver) le sentiment d’appartenance au sexe d’origine?


R-Il n’est certes pas mauvais de continuer les recherches, mais la psychothérapie et ses diverses écoles thérapeutiques (behaviorale, systémique, psychanalyse, etc.) en 50 ans d’expérimentation, n’est arrivé à aucune conclusion clinique concluante.

Q-Le choix du montant d’argent dépensé pour les différentes opérations peut varier d’une personne à l’autre, est-ce un facteur important dans la réussite de la transformation et pourquoi?


R-Oui c’est un facteur primordial parce que pour être acceptée par la société dans le genre de destination, plus le ou la trans sera semblable au sexe de destination, plus la vie en sera facilitée. Afin d’atteindre les standards normaux et correspondre le plus possible aux critères morphologiques de l’autre sexe, en fonction de la morphologie de départ, il peut être nécessaire de recourir à de très nombreuses opérations telles que : augmentation mammaire, Chirurgie de féminisation faciale, ablation de la pomme d’Adam, chirurgie des cordes vocales, épilation permanente, chirurgie de réassignation sexuelle,

Q-Si le gouvernement du Québec subventionne différentes opérations du changement de sexe, il y aura certainement une limite au montant d’argent déboursé. Dans ce cas, est-ce que la réussite de la transformation dépend du montant d’argent déboursé. Si oui, dans quelle mesure?


R-Tout nouveau pas que fera le gouvernement afin d’aider les transsexuels (elles) sera grandement apprécié de ceux-ci. La dysphorie d’identité de genre, en plus de faire souffrir les gens qui sont aux prises avec ça, entraîne de coûts sociaux énormes, qui sont encore difficilement chiffrable comme des coûts associés aux :divorces, suicides, alcoolismes, toxicomanie, prostitution, dépression sévère, augmentation de crimes associés aux désespoirs social psychologique en mental.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère Michelle,

Je suis aussi étudiante au secondaire et je dois prochainemenr préparé un Débat qui portera sur " Est-ce que le gouvernement a raison de payé une partie des opérations de changement de sexe?"
Je ne le vous cacherais pas, je fait partie du contre.Néanmoins, je vous respecte et j'admire votre force à lutter pour devenir une vraie femme malgré la société parfois trop peu ouverte d'esprit et les nombreux stéréotype sur le sujet. Je ne considère Pas du tout comme fesant partie des "connasses qui sont contre le paiement par le gouvernement des opérations de changement de sexe " car après avoir lu et fait des recherches sur le web en lisant votre blog de comment vous vivez la transition, je vois bien que c'est toute une épreuve à surmonter et de nombreuses opération à défrayer. Comme plusieurs personne le pense (dont certain vous a surement servi à plusieurs reprises cet argument) , je trouve cela dommage que le gouvernement ne met pas l'argent dans la recherche sur des maladies qui touche une trop grande majorité de la population ( comme les maladies cardio-vasculaire. le cancer, le sida etc...) Ou encore pour la préventions de certaines comme l'obésité chez les enfants qui est grandissante. Bref, la société vit beaucoup de maux, la santé n'est que la pointe de l'iceberg. et pour les régler il faut (malheureusement) de l'argent. Maintenant j'aimerais savoir, ( si vous savez la réponse je serais Vraiment ravie de la lire) pourquoi le gouvernement à mis cet argent dans les opéraions de changement de sexe plutôt que dans autre chose? Aussi,quel est le pourcentage de la population qui souffre de dysphorie de genre?

Je vous remercie pour le temps que vous avez pris pour lire ce commentaire.

en passant,(avec toute ma sincérité) Vous avez un très beau nez!!

Joëlle

Unknown a dit…

Chère Joëlle, mais le gouvernement met de l'argent sur ces recherches! De quoi vous parlez là? De plus, le gouvernement paie déjà depuis belle lurette pour les opérations de changement de sexe, mais ils paient des chirurgiens en Europe de l'est au lieu de payer ceux d'ici. De plus, la question n'est pas de mettre de l'argent sur les opérations de changement de sexe "au lieu" de mettre l'argent ailleurs. La question est de mettre de l'argent ici "au lieu" de l'envoyer ailleurs. Finalement, cette ouverture du gouvernement touche selon les stats. un homme sur 30 000 et une femme sur 50 000. On ne parle pas de montants astronomiques et si vous-mêmes étiez atteinte d'une maladie rare et stigmatisée par la population en général (vous vous souvenez peut-être de « Elephant man »)et que quelqu'un avait la fermeture d'esprit de dire, "mais pourquoi devrions nous payer pour cette maladie, faisons un débat là-dessus puisque ceux qui en sont atteints sont moins importants que l'obésité des enfants, je ne suis pas certaine que vous seriez très heureuse de lire ça. La compassion ça existe à tout âge et à ce que je sache, l'obésité ne pousse pas les gens à se tirer une balle dans la tête, la dysphorie du genre, oui. Et si c'était votre propre père qui en était atteint peut-être que votre réflexion serait bin différente. Pensez un peu à ça?