lundi 25 août 2008

D’autres étapes de franchi

La semaine dernière et ce week-end, j’ai franchi d’autres étapes dans ma transition. Tout d’abord, je suis allée à Toronto pour le shooting d’une pub de Yahoo Canada. Je devais donc prendre l’avion et présenter mes cartes d’identité qui ne me ressemblent vraiment plus. Je puis vous dire que le personnel d’Air Canada a été vraiment courtois et que je n’ai eu aucun problème et après avoir lu lettre de mon chirurgien qui explique pourquoi je ne me ressemble plus, ils m’ont rapidement émis les billets de vols ou donné l’accès à l’avion. Même les contrôles de sécurités se sont révélés faciles pour moi et mes angoisses, exagérées.
Puis, lors du shooting de Yahoo, pour la première fois, je me suis trouvée vraiment belle. J’en étais même émue. Il faut dire que d’avoir une maquilleuse professionnelle, un photographe pro assisté d’un directeur artistique et de trois assistants de même qu’un éclairage favorable et qu’un tailleur splendide, aide un peu la chose. Cependant, les gens présents (de même que moi-même) étaient estomaquée de voir à quel point j’étais photogénique et que toutes les photos prisent étaient excellente. Comme je devais passer une entrevue vidéo avec deux journalistes après le shooting, je ne suis pas restée très longtemps à regarder les photos puisque je sentais l’émotion montée et que je ne voulais pas que mon mascara coule et que je doive passer à la chaise à maquillage de nouveau et ralentir le processus indument. Je suis donc allée à l’extérieur fumer une clope et avaler mes émotions. Mais ce que j’ai vu m’a profondément touchée et les gens sur places tarissaient d’éloges. Ça m’a fait beaucoup de bien.

Puis hier, j’ai brunché avec mon ex. Sur le boulevard St-Laurent en pleine vente trottoir. Pour la première fois, elle me fit remarquer à quel point « je passais pour une femme » et comment les regards de curiosité faisaient désormais place à ceux d’admiration. Elle me dit même « je pense que tu vas pogner plus que moi ». Après lui avoir dit à quel point elle était belle et que je doute que ce soit un jour le cas, j’étais tout de même vraiment heureuse de ce changement plus que positif pour moi. J’entreprends donc la semaine avec un regain d’énergie qui me propulse sur un nuage de bonheur depuis….

mardi 19 août 2008

Flashback d’il y a un an

À peu près à cette date-ci l’an dernier, je débutais ma dépression nommée dysphorie d’identité de genre. Ne dormant plus et ayant besoin d’avoir des papiers pour consulter un psychiatre et afin de connaitre les ressources thérapeutiques qui s’offraient à moi (pratiquement rien finalement) j’allais consulter mon médecin de famille. C’est une femme d’une âme très belle et d’une écoute pleine de compassion. Lorsque je lui dit ce que je vivais, elle fit l’impossible pour malheureusement constater qu’il n’y avait pas de ressources et fut très coopérative pour me faire les différents papiers de références médicales dont je pourrais avoir besoin (psychiatre, endocrinologue, thérapie de la voix, différentes prises de sang, prescription de calmants et tout le tralala). Puis elle me parla de sa propre vie et de son expérience avec des transsexuelles homme et femme avec qui elle avait déjà travaillé. Puis en parlant des gens qu’elle avait connus, elle me dit une phrase que j’aie encore en tête.

Vous savez, il y a des gens qui ont une vie marginale très heureuse et vraiment bien remplie.


Je pense que je vais aller la voir juste pour la remercier et lui permettre de constater que je suis toujours en vie et finalement bien dans ma peau…

lundi 18 août 2008

À propos de la fierté

Ce week-end, j’ai participé à plusieurs activités de la fierté gaie. Mais je ne suis pas encore fière d’être gaie. Je suis en effet doublement gaie puisque je suis transsexuelle et lesbienne. De plus, il est très difficile pour une transsexuelle de circuler librement dans le quartier gai et plus particulièrement dans les bars destinés aux hommes. Dans les bars lesbiens, il n’y a aucun problème, les lesbiennes étant très gentilles avec moi. Mais dans les autres bars du quartier, on me traite comme si j’étais une prostituée et les allusions sexuelles directes sont monnaies courantes. Toutefois, ce week-end était quelque peu différent. L’ambiance de fête sans doute. Je me fais toujours regarder comme si j’étais une martienne, mais les gais étaient gentils et j’ai passé de bons moments dans ce quartier. J’ai discuté avec des gens passionnants et j’ai eu beaucoup de plaisir. Samedi, c’était la tournée des bars avec des copines lesbiennes puis dimanche, un après-midi de discussion avec deux blogueuses et un bambin. Elles me disaient qu’elles aimeraient bien qu’il y ait un char pour les blogueurs gais dans la parade de l’an prochain. Ce n’est pas une mauvaise idée et j’en connais plusieurs (sous le couvert de l’anonymat). C’est que plusieurs blogueurs et blogueuses gais, bi ou autre, sont toujours dans le placard. Je respecte ça et j’aurais bien aimé avoir ce loisir, mais ce n’est pas mon cas. Ça rendrait donc l’idée d’une blogosphère Montréalaise gaie, difficile à concrétiser, à moins qu’ils ne paradent avec des masques, ce qui est tout de même un peu ridicule. J’ai aussi rencontré un journaliste qui va souvent au Cafré Laïka et qui m’y avait remarqué. Il me dit qu’il était fasciné et qu’il m’avait perçu comme une femme intrigante de très grande taille plutôt que comme une trans. Peut-être exagérait-il, mais ça me fit plaisir quand même.

Tout ça pour dire que je ne suis pas encore fière d’être une trans mais que je suis beaucoup moins honteuse de ma condition disons…

jeudi 14 août 2008

Mon premier souper de filles

Hier soir, de très gentilles blogueuses de mes connaissances m’ont invitée à mon premier souper de filles. Je suis déjà sortie en fille avec plusieurs amies, mais un souper entre filles seulement, avec une gang de filles, c’était une première. En plus, ce sont des demoiselles d’une acuité intellectuelle, d’un humour et d’une vitalité hors du commun. J’ai réellement eu beaucoup de plaisirs avec elles. Comme vous vous en doutez, les sorties de boyz, je connais, mais des soupers de filles, c’est tellement plus intéressant. Tout comme les boyz, les filles parlent de cul en des termes on ne peut plus sans équivoque. Mais contrairement aux boys qui parlent aussi de sports, de jobs et autres sujets qui m’intéressent peu, les filles parlent de famille, d’émotions, de vie et d’expériences personnelles avec une vérité qui fait souvent défaut aux gars. De plus, de me sentir admis dans leur club privé, m’a beaucoup touchée. Je me sentais plus femme que jamais et toute la journée, j’ai été heureuse d’avoir vécu ce moment. Pour moi, c’était une sorte de baptême officieux. Elles m’ont évidemment posé des questions sur ce que je vivais et sur vers où je m’en allais, mais elles ont aussi validé la personne qui était là comme l’une des leurs et c’est surtout ça qui m’a fait du bien. La validation. J’ai tellement besoin de ça d’être validé en tant que femme, vous pouvez pas savoir…

Scusez les boys mais en plus, elles sont telllllllemmmennnnnt plus drôle

MAJ
Mes chums de gars sont vraiment pas contents de ce billet, mais que voulez-vous... :-(

MAJ2
Finalement, ils sont plus jaloux que pas content :-)

mercredi 13 août 2008

Voyager en tant que transsexuelle

La semaine prochaine, je vais à Toronto et j’angoisse de passer tous ces contrôles de sécurités à l’aéroport. C’est que mes papiers sont encore à mon ancienne identité et que je ne me ressemble vraiment plus sur mes photos. J’ai une lettre de mon chirurgien de féminisation faciale expliquant qu’il a complètement modifié mon visage. J’espère que ça fera l’affaire et qu’on ne me fera pas trop chier à chaque mautadine de station de vérification. J’ai aussi commencé à m’informer de ce que je peux faire pour diminuer cet inconfort prévisible. Le site de la National Center of Transgender Equality donne de très bons « travel tips ». Aussi, j’ai des copains qui aimeraient bien me voir à Cuba, au Mexique ou ailleurs. Je dois maintenant me questionner au préalable afin de découvrir si une destination est dangereuse pour les trans. Je sais que désormais une partie du monde me sera interdite, mais j’aime mieux prévenir que guérir. Un copain du Réseau de veille en tourisme de l’UQAM me fournit ces signets qui pourront m’aider lors du choix d’une destination.

http://www.chiff.com/travel/gay-lesbian.htm
http://www.pinkpagesnet.com/usa/Travel/
http://www.neitsg.com/travel.html
www.temenos.net/trans/

Encore d’autres « gugus » auxquels je devrais m’adapter…

mardi 12 août 2008

Du deuil

Aujourd’hui j’ai pleuré presque toute la journée. C’est le deuil de mon amour qui m’affecte comme ça. Ça va passer, mais en attendant c’est très pénible. Je suis triste « on et off » depuis cette discussion fatidique de vendredi dernier.

Apprendre à gérer le mépris

Il y a bien des choses que je n‘aurais jamais imaginé avoir à vivre dans ma vie et d’apprendre à gérer le mépris est certainement l’une d’elles. J’ai déjà écrit comment je trouvais ça difficile, j’en parle avec mon psy et je suis de plus en plus consciente que je vais devoir composer avec ça le reste de ma vie, à des intensités décroissantes, je l’espère. Il faut que je me fasse une carapace. Mais comment se fait-on une carapace? Grande question dont peu ont la réponse. Mon psy me parlait de ces personnes d’obésité morbide qui se font harceler si jamais elles ont le malheur de manger une crème glacée en public ou encore de ses « minorités visibles » qui sont victimes de racisme. Je suis maintenant une minorité encore plus minoritaire que la très grande majorité des sous-groupes imaginables et en plus, cette condition de transsexuelle est peu connue et toujours empreinte de mythes et de tabous, incluant ceux de nature sexuelle qui emmènent son lot de « tripeux de shemale ». L’une des transsexuelles d’un certain âge me racontait ce week-end comment dans les années 60, les transsexuelles québécoises se faisaient encore jeter en prison pour le motif de « déguisement dans le but de faire un acte criminel ».

Avec le Bill Omnibus de Trudeau, ça a un peu changé. Pour en revenir à la question du mépris, mes mécanismes de gestion possible sont de relativiser (peut-être que la personne est inconsciente), de m’apitoyer (ça me fait de la peine si tu es « pas fin » avec moi), d’ironiser (appeler la personne qui m’appelle monsieur par l’opposée de son sexe), de blaguer (j’ai pas encore trouvé de blagues vraiment bonne, va falloir que je travaille là-dessus) ou de finalement développer un aveuglement sélectif (ne plus voir tout ce mépris et me faire à croire qu’il n’existe pas). L’autre façon de gérer ça est aussi d’être la trans de service et de développer une sorte de « fierté trans », comme la « fierté gay » et de militer et d’expliquer ad nauseam, les tenants et aboutissants de cette condition qu’on peut aussi appeler un caprice de la nature. Mais je ne suis pas encore là et ne suis pas encore « fière » d’être un trans. Le serais-je jamais?

lundi 11 août 2008

Un week-end très émotif

Je viens de terminer un week-end très émotif. D’abord, vendredi, l’amour de ma vie et moi avons décidé de nous séparer définitivement (quoique je rêve toujours que ça revienne). Nous vivons séparément depuis février, mais nous nous voyons chaque fin de semaine et nous nous parlons chaque jour. Mais voilà que l’adaptation est plus difficile que prévu et qu’elle ne semble vraiment pas capable de tendresse envers une femme. Je la comprends et suis vraiment impressionnée de tout le chemin qu’elle a parcouru et des nombreux efforts qu’elle a déjà faits. Nous voyons cela venir depuis un bon moment, mais il semble que c’est maintenant définitif. Nous resterons amies jusqu’à la fin de nos jours, mais nous ne serons plus un couple, dans le sens traditionnel de la chose. J’angoisse cependant de ma réaction à ce nouveau conjoint potentiel qu’elle pourrait un jour avoir. Vais-je être capable de m’adapter à celui-ci et de la voir dans les bras d’un autre? Je ne le sais vraiment pas.

Samedi, nous sommes allées toutes les deux au pique-nique annuel de l’association des transsexuelles du Québec. Ça me fait toujours du bien de voire que je ne suis pas la seule avec ce problème et c’est très bénéfique pour mon ex. de parler à d’autres trans et transboy (trans de femme à homme) et de découvrir que nos histoires sont somme toute, très semblables. Elle était aussi surprise de remarquer à quel point cette condition affecte des gens de toutes les classes sociales, profils psychologiques et capacités intellectuelles. Lorsque nous sommes revenues, elle hésitait entre me donner de la tendresse on s’en tenir à notre décision de nous donner la liberté d’aller voire ailleurs.

Puis hier soir, j’ai reçu l’appel de mon filleul dont je n’avais pas entendu parler depuis décembre dernier. Il a réellement été le garçon que je n’ai jamais eu et je l’ai gâtée depuis son tout jeune âge. La semaine dernière était son anniversaire et mon ex. et moi lui avions envoyé une carte et un cadeau par la poste puisque ses parents ne veulent plus me voir. Hier soir, il me téléphona pour me remercier et pour me dire qu’il aimerait bien me revoir. J’en étais très émue et contente et j’anticipe le plaisir de cette prochaine rencontre.

Tout ça pour vous dire que j’ai versé de nombreuses larmes ce week-end et que j’ai bien hâte de voir mon psy tout à l’heure et de discuter de ça (et de bien d’autres choses) avec lui.

lundi 4 août 2008

Ma chirurgie faciale, deux jours après


Voici l’une des photos qui ont été prises deux jours après mon opération. Ça vous donne une idée des premiers effets de celle-ci. Mais je ne soufrais pas tant que ça. Comme me l’avait prédit mon médecin, c’était plus inconfortable que douloureux (ils ont de la bonne drogue sous prescription, la douleur est donc contrôlée). À l’arrière-plan, vous pouvez voir de la verdure. C’est que pour les premiers jours suivant l’opération, j’étais à la maison l’Asclépiade, qui est une maison de convalescence pour transsexuelle. D’ailleurs, j’étais la seule Québécoise et la seule ayant eu une chirurgie de féminisation faciale. Les autres pensionnaires qui venaient des quatre coins de la planète étaient surtout là pour se remettre de la chirurgie de réattribution sexuelle (sex reassignment surgery (l'info est plus complète en anglais)) ou pour l’augmentation mammaire. C’était un endroit extraordinaire, sur le bord de la rivière des Prairies, avec des infirmières et un personnel triés sur le volet. Qu’ils étaient gentils et humains.

Deux jours après l’opération, j’étais déjà un peu plus “regardable”. Je revois encore mon cousin, une demi-heure après l’opération. Les infirmières me demandèrent si je me sentais capable d’avoir de la visite. Je répondis oui et ils me levèrent dans mon lit. Je regarde donc par la porte et je vois mon cousin qui avance. Lorsqu’il me voit, il arrête de marcher, viens blanc comme un drap et recule de deux pas. Disons que ça me stressait un peu. Le soir même, il téléphone à Bibitte et lui dit qu’il croyait être fait fort, mais qu’il avait eu tout un choc et lui suggérait fortement de l’attendre avant de venir me voir le lendemain, afin de ne pas être seule. C’est qu’après mon opération, mes cheveux étaient repoussés vers l’arrière, ils étaient encore pleins de sang et que l’on pouvait voir les broches qui retenaient mon crâne, et qui allaient d’une oreille à l’autre. Ça faisait un peu comme dans une mauvaise scène de Frankenstein…

Il y a déjà un an

C’est à peu près il y a un an que mes mécanismes de négations tombaient d’un coup et que j’entrais dans ce qu’on appelle techniquement, la dysphorie d’identité de genre, qui est une forme de dépression. Un an plus tard, je suis en train de devenir ce que mon cerveau a toujours été, une femme. Je me sens bien et je m’adapte au mieux possible, à cette nouvelle réalité. D’ailleurs, je commence à me faire sérieusement séduire par des messieurs et ça me gêne énormément. Va falloir que je regarde ça avec mon psy et que je développe des mécanismes pour « gérer » ça…

Ce week-end, un monsieur durant un party auquel j’assistais, et qui savait que j’étais trans me dit, « tu devais être un bel homme parce que tu es vraiment une très belle femme ». Puis, il voulait savoir quelle était dorénavant mon orientation sexuelle. J’étais rouge comme une tomate, je bégayais et essayais de lui faire comprendre que j’étais lesbienne. Ça me faisait réellement plaisir puisque ça validait un peu ma féminité nouvelle, mais en même temps, je ne me suis pas réellement préparée à ça. La semaine dernière, un groupe de joueurs de pétanques d'un certain âge me sifflait et l’un des joueurs s’exclama, « Ho le beau parapluie », je regardais tout le tour de moi, mais j’étais bien celle à qui ces sifflotements et ces remarques étaient destinés. Je les remerciais poliment et continua de marcher en regardant droit devant. Disons que je marchais un peu plus vite qu’à l'accoutumée…

vendredi 1 août 2008

Ces autres blogueuses que j’aime

Dans mon dernier billet, je ne devais nommer que cinq blogueuses que j'estimais. Le problème avec ça est qu’un grand nombre de blogueuses ont été gentilles avec moi et m’ont permise, chacune à leur manière, d’adoucir considérablement ma transition dans le monde des femmes. Elles ont été d’une gentillesse, d’une générosité, d’une curiosité et d’une ouverture qui me surprend encore. J’ai la chance d’être une personnalité publique et de connaître plusieurs personnes, mais de tous les types de personne que je connaisse, les blogueuses ont été de loin, les plus admirables à mon égard. Elles m’ont réellement fait sentir que je faisais maintenant partie de la grande famille des femmes (et plusieurs me l’ont même verbalisé ou écrit). Jamais je n’aurais cru plusieurs de ces personnes si gentilles. C’est dans les moments difficiles qu’on se rend compte du cœur des gens et ça met un baume apaisant, sur les difficultés que je rencontre encore dans cette aventure. Avec ce billet je voulais simplement les nommer et les remercier. Le pire est qu’une fois que ce sera en ligne, je m’apercevrais probablement en avoir oublié plusieurs.

Il y a, dans l’ordre ou elles me viennent à l’esprit et outre celles déjà nommées dans le précédent billet :

Kim Vallée
Nadia Seraiocco
Isabelle Lopez
Marie-Josée Belley
Sandra Doyon
Martine Gingras
Martine Pagé
Michelle Sullivan
Panthère Rousse
Aurelie Ponton

Véronique Desrosiers
Isabelle Poirier
Geneviève Piquette
Mademoiselle Klektik
TanMcG


MERCI DU FOND DU COEUR D’AVOIR ÉTÉ SI GENTILLES AVEC MOI

Mon blogue trans, sort tranquillement de l’ombre

J’ai écrit ce blogue parce que je me devais d’exprimer cette aventure incroyable que je vis et parce que c’est très thérapeutique pour moi. Je me souviens encore de ce que m’avait dit Martin Ouellette de Provokat, lorsque je lui avais révélé la condition qui m’affecte et la peur que j’avais, que ça affecte mon « brand » et ma profession que j’aime tant. Contrairement à l’avis de mon comité de gestion de crise de relations publiques qui me conseillait fortement de ne rien dire à propos de ma condition, avant ma chirurgie faciale, Martin me suggérait de parler haut et fort. Il me dit :

Michel (j’étais encore un homme à cette époque), tu me dis que tu as déjà fait ton coming-out à tes clients et qu’ils réagissent bien. Tu me dis que plusieurs personnes qui vivent ce que tu vis finissent par se suicider, tu as un don et avec le don vient une responsabilité. Tu as le don de la communication et de la vulgarisation et ce que tu vis, es encore peu connue et as vraiment besoin d’être vulgarisé et s’il y a une personne qui peut le faire au Québec, c’est bien toi. Tu as le devoir de parler. De plus, si tu fermes ta gueule, toi qui es l’apôtre de la communication transparente, que feras-tu lorsque durant une conférence, quelqu’un te dira : oui, mais vous nous avez menti sur votre condition tout ce temps? Tu dois donc parler, ne pas te cacher puisque de toute façon, ce que tu vis n’est pas de ta faute et tu dois assumer publiquement et fièrement qui tu es.

Après ce discours-choc, je fus ébranlée durant une grosse semaine et puis je me décidai de mettre en ligne mon coming-out qui était déjà écrit depuis plus de deux mois. Puis j’acceptai une entrevue du journal La Presse puis celle de Paul Arcand, le morning man le plus écouté au Québec et à l’émission de la radio communautaire, Douce Folie, qui traite de santé mentale. Cependant, j’ai aussi refusé des topos de Dernière Heure et d’apparaître à l’émission de Mongrain. Je continue donc de protéger mon image et je ne veux pas devenir la trans de service pour les médias qui pourraient vouloir faire un cirque de mon histoire. J’ai aussi déjà refusé 4 offres de documentaires sur ce que je vis. Je veux être transparente, aider les autres (si possible) et surtout, documenter ce que je vis, pour moi-même et pour éventuellement faire quelque chose avec ça. D’où la naissance de ce blogue, qui était d’abord complètement fermé et seulement accessible aux copines transsexuelles MySpace (environ 250), qui étaient mon groupe de soutiens virtuel et ma source d’information privilégiée pour comprendre comment d’autres personnes qui vivent la même chose que moi, sont arrivées à survivre à ça.

Mais voilà que ce qui a longtemps été un blogue « intimiste » sort un peu de l’ombre, et semble toucher des gens qui sont très loin de la problématique transsexuelle. C’est donc tant mieux, ça me fait plaisir, ça me touche et ça remplit un peu la mission que l’ami Martin m’a si directement identifiée comme étant l’un de mes devoirs de vulgarisation.

Pour rester dans le même sujet, et changer un peu, hier soir en discutant avec l’amour de ma vie, elle me dit que son voisin avait été impressionné d’entendre mon entrevue à Arcand de cet hiver et de connaître la conjointe, ainsi que la personne qui vivait ce drame. J’ai donc appris que l’entrevue de cet hiver était en rediffusion avant hier et je comprends mieux pourquoi il y avait tant d’activité sur mon blogue pro, et de recherche Google avec les différentes déclinaisons possibles de mon nom.
Aussi, hier c’était l’Intellexuelle, qui se disait touchée par mon blogue, aujourd’hui, de l’autre côté de l’Atlantique, c’est au tour de Stella de la Rhune d’y mettre son grain de sel.


•••Michelle Leblanc www.femme-2-0.blogspot.com
parsk C une pro du Marketing 2.0 de la bande de Montréal, créatrice du Yulbiz avec Philippe & Claude
notamment, et je choisis D'exprès son blog perso, car elle vit actuellement une histoire personnelle pas banale, qui me touche beaucoup, car ça fait réfléchir à
la grande question de la féminité,

Ainsi, je me dois, selon les préceptes de cette chaîne de blogue, de continuer à mon tour la diffusion de ce que je trouve être le meilleur à mes yeux.

La règle du jeu:1/ Vous devez choisir 5 blogs que vous estimez mériter ce prix pour leur créativité, conception, matériel intéressant et contribution à la communauté de bloggeurs, quelque soit la langue,2/Chaque prix doit contenir le lien vers le blog de son auteur pour être visité par tous,3/Chaque lauréat doit montrer son prix et remettre le nom et le lien vers le blog qui lui a donné,4/Le lauréat doit montrer le lien de l’art y pico blog,5/Et afficher les règles.
Notons que ce prix a d’abord été instauré par Eseya, une jeune artiste Uruguayenne.

Le hic avec ça, est que je suis beaucoup plus auteure, que lectrice. Je ne lis pratiquement pas de blogues finalement. C’est donc difficile pour moi de poursuivre la chaîne de manière limpide, efficace et pertinente. Ma liste n’est donc pas un liste de ce qui se fait de mieux, mais plutôt une liste des copines que j’aime bien et que je dois l’admettre, je ne lis pas assez.

Marie-Chantale Turgeon
Entrepreneur, artiste et « flyée » notoire, que j’aime bien et qui m’inspire

Florence Meichel
Le matin de ma chirurgie de féminisation faciale, juste avant que je ne parte pour l’hôpital, Florence me fit parvenir un billet qu’elle mit en ligne pour moi. J’en fus si émue que je n’ose plus regarder ce clip, car je sais que je vais encore pleurer comme une madeleine…

Katheline Jean-Pierre
Jeune gestionnaire Web qui est une très bonne amie à moi et qui a été l’une de mes premières « coach » de féminité. Nous sortions en public ensemble au début de ma transition et elle me donnait divers conseils sur ce que je devais encore apprendre et améliorer.

Patricia Tessier
Stratège Web qui m’impressionne par sa fougue et sa pertinence, je vais d’ailleurs aller manger avec elle tout à l’heure.

Renée Wathelet
La femme la plus gentille que je connaisse. Elle est d’une générosité, d’une délicatesse et d’une chaleur humaine qui m’émeut beaucoup. Malgré qu’elle fût en vacance, plusieurs fois elle chatait avec moi sur Facebook, juste pour savoir comment j’allais.

Et comme les pâtissiers qui donnent une brioche de plus, je rajoute

Natacha Quester-Semeon
Qui est sans doute la blogueuse francophone engagée aimante de la politique et de l’éthique du blogue, la plus connue de la planète francophone. Nous ne nous sommes rencontrées qu’une fois à Paris, mais depuis, nous sommes restées amie et régulièrement, elle me demande des nouvelles, par simple altruisme et ça me fait toujours le plus grand des plaisirs. D’ailleurs sa mère, Tatianna, lors de mon coming-out, me fit le plus troublant des commentaires.

Salut Michelle,
Votre sincérité et votre courage honorent l’humanité!
Bonne route et bon vent, et merci d’exister parmi nous !



Voilà…